Toffe Darling de Joanne Richoux

Après Les Collisions comment passer à côté de ce troisième roman aux éditions Sarbacane ? Comment ne pas avoir envie de plonger dans ces années sixties aux côtés de Viviane, Kathleen et Jérôme ? Comment, tout simplement, ne pas lire Joanne Richoux ? Vous ne pouvez pas. Une fois que vous l’avez lu, une fois que vous avez goûté à sa plume, impossible de ne pas y revenir.

Mon résumé

Viviane est égoïste, têtue et angoissée. Méchante parfois. 19 ans et l’avenir bouclé dans une confiserie dans laquelle elle ne se sent plus à sa place. Où est-elle sa place d’ailleurs ? Devant cette tapisserie moche aux fleurs énormes ? Aux côtés de Jérôme…? Cet homme qu’elle aime tant mais dont elle ne peut s’empêcher de remarquer les défauts. De plus en plus.

Jérôme lui est étouffé. Étouffé par l’amour, étouffé par les regrets, étouffé par les mots qu’il ne dit pas. Peur de la perdre, de devoir vivre sans elle, de devoir apprendre à s’épanouir sans elle. A l’extérieur d’eux.

Kathleen est vivante, électrique, magnétique avec ses « jamais pourquoi. pourquoi pas », sa fuite à travers les states, ses pensées entre français et anglais, ses cheveux caramel. La liberté au corps, l’amour au cœur, les blessures à l’âme. A trop être sensible ne finit-on pas par se perdre à travers les autres ?

Alors les states, du jour au lendemain, abandon de la confiserie, et la Californie, Vegas, le Mississippi. La liberté, là bas, dans la moiteur, dans la fumée, dans la musique. Et peut-être aussi, quelque part, un nouveau départ.

Mon avis

J’ai un peu de mal à parler des coups de cœur. Les coups de cœur qui t’ont touché là où tu ne t’attendais pas à l’être, d’une façon complètement surréaliste. Je me revois, dans le lit, 1h du matin, tenir Toffee Darling entre mes mains, le lire, relire des phrases, les goûter par pur caprice littéraire, et puis sentir mon cœur se gonfler d’amour. Et je ne sais pas pourquoi. Se gonfler pour ces personnages, pour leur liberté, pour leurs difficultés, l’envie de les serrer très fort et de leur dire « tout ira bien ». Se gonfler aussi pour leurs non-dits, pour leurs larmes, pour leurs angoisses. Se gonfler de tant d’amour que ça me faisait quasi mal. And then ne plus savoir que faire. Le reposer ? Continuer de le lire et sentir cette vague ? Le garder pour plus tard. J’ai hésité. Ça ne m’arrive jamais. Pourquoi m’arrêter ?

La question c’est jamais pourquoi. Mais pourquoi pas.

Alors voilà. Cette maxime s’est insinuée sous ma peau, j’ai reposé le livre, je me suis couchée et le lendemain soir j’ai recommencé. Avec encore plus de plaisir, ce truc que j’avais réprimé toute la journée. Alors je ne sais pas. Peut-être à cause de Joanne. Peut-être à cause de Kathleen. Peut-être à cause de Viviane et Jérôme. Peut-être à cause d’eux quatre qui se distillent les uns dans les autres, un peu de caramel par ci, un peu d’angoisse par là, de tendresse…et puis…les sixties. Je n’ai pas grandi avec, on ne va pas se mentir, mais les I get around, les I put a smell on you, les Hotel California, ah ça je les ai entendus, tellement de fois. Quel bonheur de les redécouvrir, de croiser ces personnes tellement mythiques qu’elles en deviennent des personnages. Et puis comprendre qu’il n’y avait pas que du beau ou que du rose, il y avait aussi le LSD, et tout un tas de substances pas super légales, ces trucs qui te désinhibaient totalement mais qui en ont tué tant d’autres. Les sixties donc, et toutes leurs anecdotes.

« Quand on a peur, on se sent toujours isolé. On se figure qu’il n’y a que pour nous que c’est dur. Que chez les autres, la vie est facile. Wrong again. Tout le monde souffre. C’est pour ça qu’il faut apprendre à les regarder, les gens. Et puis essayer de les aimer, si on peut. »

Les vérités ensuite. Toutes celles qu’on aimerait entendre une fois dans sa vie ; les « tu n’es pas seul », les « tu as le droit d’être en colère », les « je suis là pour toi », les « tu m’as fait mal ». Tous ces trucs qu’on garde pour soi et qui se libèrent d’un seul coup sur le papier. Alors tu sais pas bien pourquoi tu pleures en même tant que Viviane, pourquoi tu as envie de donner un coup dans un poteau et te fissurer le poing d’échardes, mais au fond, cela n’a pas beaucoup d’importance. Avec le voyage de Viviane et Jérôme, c’est toi aussi qui voyage. Qui passe par la Californie, Las Vegas, le Mississippi. Qui t’éloigne pour mieux revenir.

« L’odeur d’Eau de Cologne à la menthe s’insinue dans mes narines. La colère martèle ; au bout des doigts, à la pointe des seins, au bord des lèvres, aux tempes. Fugue pour cœurs désaccordés ».

Alors voilà Toffee Darling c’est ça, les anecdotes et les sixties, le voyage et l’aventure, la moiteur et l’angoisse, les émotions à fleur de peau. C’est ça mais il manque un truc n’est-ce pas ? La plume. Ça, ça ne s’invente pas. Ça se travaille, se taille comme un diamant brut. Alors je ne sais pas si elle le taille toute seule Joanne Richoux, son diamant, mais damn it je suis complètement raide dingue amoureuse. Parce que tout ça, toute cette histoire de road trip à l’américaine, de fuite pour cœurs désaccordés, tout ça, ça n’aurait absolument aucun sens sans cette écriture qui renverse tout. Qui te parle tellement bien que tu ressens chaque mot comme un petit coup au cœur.

« Lorsque mon cœur se brise, ça fait un bruit gigantesque. A chaque fois je l’entends. Comme un volcan quand la Terre vomit ».

Wellthis is the end. Je ne peux pas vous en parler plus que cela. Ce genre de romans ça se vit plus que ça ne se lit ou ne se chronique. Peut-être que ça se chante pour ce que j’en sais. Mais c’est déjà bien assez long. Que voulez-vous, même après, c’est encore un tourbillon.

En résumé

C’est un coup de cœur génialissime, euphorisant, tourbillonnant. Le genre qui t’entraîne, aux sons des sixties, comme une substance illicite dans les veines. But darlin’ don’t be affraid. Même avec le palpitant qui gonfle, les émotions à fleur de peau, le cœur volcan, Toffee Darling c’est surtout un roman qui fait du bien.

 

PS : il est probable que vous puissiez retrouver la playlist de Toffee Darling sur deezer… ici. Et pour celles et ceux qui se demanderaient pourquoi il y a des mots anglais qui se baladent, c’est la faute de Kathleen !

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