Ghost Love de Loïc Le Borgne

Avant Je suis ta nuit, je ne connaissais pas du tout Loïc Le Borgne. Et avant Loïc Le Borgne je ne suis pas sûre d’avoir un jour à ce point aimé un roman dans le genre de l’épouvante. A bien des égards Ghost Love lui ressemble, et à d’autre, il en diffère complètement.

Résumé éditeur

La vie de Mathis a pris un tournant bien sombre depuis que son frère s’est tué en voiture. Oscillant entre soirées alcoolisées avec sa bande d’amis et job étudiant au journal du coin, son été s’étire dans la chaleur et la culpabilité. Il dérive jusqu’à Eléonore, jeune femme pleine de charme et de mystères. Ses goûts, ses paroles, ses passions, s’accordent à merveille à ceux du jeune homme, bien qu’elle refuse tout contact physique…
Sans cesse ramené au manoir abandonné du coin, Mathis s’embarque dans une histoire qui le dépasse, mais qui pourrait bien l’aider à panser quelques plaies.

Mon avis

Evidemment les histoires de « fantômes » du passé qui reviennent hanter les héros ne sont pas sans me faire penser à Je suis ta nuit et La princesse au visage de nuit lus récemment. Pourtant…je n’ai pas été aussi emballée que ce à quoi je m’attendais. Attention, le roman n’est pas mauvais, il n’est juste pas aussi bien que ces derniers, ce qui, quand on sait sur quel piédestal je les ai placés, rend la tâche de toute façon quasi impossible. Mais je suis sûre que vous connaissez tous ce sentiment désagréable du « j’avais tellement d’attentes ». Attente du plongeon dans une folie ténébreuse, attente d’une addiction aussi forte, attente d’une violence plus profonde. Cette impression de déception ne m’a pas quittée, d’autant plus forte, que ma lecture a été très souvent entrecoupée ne me permettant pas de ressentir l’adrénaline comme je l’aurais voulu.

BREF. Nous allons suivre le personnage de Mathis, jeune adulte, dans ce qui semble être des vacances plus ou moins ordinaires entre job étudiant et soirée entre amis. Entouré de Jaouen, son ami d’enfance qui brille comme un soleil, d’Orianne, qui a vécu une tragédie similaire à la sienne, et du fantôme de son frère décédé, Louis, Mathis va se retrouver plongé jusqu’au cou dans une histoire sanglante et…fantomatique. La belle Eleonore, que l’on devine tout de suite, sans surprise, être une fantômette (il faut dire que le titre nous mettait un peu trop facilement la puce à l’oreille) se trouve liée à l’histoire du château du coin, celui de la princesse Alice de Monaco, dans lequel elle s’était retirée de la cour, entourée d’écrivains célèbres (Arthur Rimbaud, Victor Hugo, Proust, etc.). Menacé par la construction d’un parc de loisirs, en proie à des forces maléfiques qui veulent sa perte pour des raisons plus…fantastiques, le château abandonné devient le théâtre des événements les plus sordides. Mathis et Eleonore sont bien décidés à comprendre pourquoi le promoteur est si acharné à vouloir le raser et se confronte à des forces plus ténébreuses encore. Difficile d’en dire plus sans en dire trop.

Tout comme dans Je suis ta nuit, l’écriture de l’auteur nous entraîne dans une histoire aux accents sombres où les fantômes bien réels se mêlent à ceux du passé. Plutôt classique mais très bien maîtrisée, elle rend la lecture remarquablement fluide. Toutefois là où ça a pêché pour moi c’est avec les personnages. Je n’ai pas cru un seul instant à cette romance qui est arrivée beaucoup trop vite, et un passage m’a notamment fait grincer des dents x1000 alors que les deux protagonistes n’ont pas vraiment échangé un seul mot sur eux, parlant davantage de l’enquête et de ce qui les entoure. En fait à bien y réfléchir je me demande si cela n’est tout simplement pas un clin d’œil aux histoires de chevalier où les hommes tombent amoureux des femmes en un instant et sont prêts à leur vouer leur vie. Un esprit de chevalerie, en soi, mais qui paraît un peu suranné. J’ai trouvé le personnage de Mathis assez « plat » du haut de ses dix-huit ans, manquant de reliefs, et celui d’Eleonore trop mystérieux et lointain pour m’y attacher. Finalement ceux qui m’ont le plus attirée sont ceux qu’on voit le moins, Jaouen et Oriane, qui sont bien décidés à créer une ZAD pour empêcher le projet de construction et donc de destruction.

Là où le roman m’a davantage surprise en revanche c’est dans sa conclusion et son avancement général. S’éloignant de l’histoire de fantôme classique pour emprunter le chemin d’une histoire plus fantastique et moins évidente, l’auteur s’empare clairement du genre pour créer quelque chose « à sa sauce » où il est autant question de mémoire que de patrimoine. L’auteur, très attiré par le château et son ancienne propriétaire lorsqu’il était plus jeune a clairement mis de sa passion dans cette histoire. J’ai particulièrement aimé la redécouverte fantomatique des lieux, comme si tout le passé jaillissait des objets, des murs, et des fenêtres brisées. Adieu les graffitis, la moisissure et la végétation et bonjour les tentures et la surcharge baroque et Art Déco. Ayant fait mes études dans le patrimoine, forcément ça m’a beaucoup parlé et j’avais terriblement envie de visiter ses lieux et de voir ses fantômes : bibliothèque encore pleine de livres poussiéreux, ce lampadaire avalé par la forêt, les vestiges du jardin que l’on aperçoit avec les allées d’arbres encore alignés, etc. Le lieu devient un véritable personnage du roman mais aussi de l’Histoire.

En résumé

Si Ghost Love m’a particulièrement intéressée pour le lieu qu’il met en lumière, le château de la princesse de Monaco, Alice Heine, il m’a moins convaincue avec ses personnages et son histoire d’amour. L’auteur a toutefois su tirer son épingle du jeu en proposant une intrigue originale et en faisant le plaidoyer de ces lieux de mémoire, où les fantômes ne sont pas toujours ce que l’on croit, se faisant tantôt spectre, tantôt objets oubliés du monde.

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