Héros : générations de Benoît Minville

Un grand merci aux éditions Sarbacane pour l’envoi de ce service de presse, je me suis régalée ❤ Héros : générations est le second tome d’un dyptique, il risque fort d’y avoir quelques spoilers dans cette chronique ! Pour voir la chronique du premier tome, c’est par ici.

Résumé éditeur

Six mois ont passé.

Alors que Richard a disparu dans la dimension de Kraalnazgarath, Matéro a repris le quotidien… à ceci près qu’il a perdu toute inspiration pour le dessin. José, lui, voit sa communauté de followers grandir sur YouTube. Les deux copains gardent leur distance.

L’arrivée à Sainte-Forge de Manon, une adolescente mystérieuse, pourchassée par le Triumvirat et dotée des pouvoirs de Héros, fait basculer ce fragile équilibre…

Mon avis

Mais quelle claque ! J’ai rarement lu un roman fantastique destiné à des adolescents qui soit aussi justement dosé : des personnages profonds et charismatiques, une écriture fluide et franche, des scènes d’action à couper le souffle… Et c’est un Sarbacane. Je vous l’ai déjà dit mais je le refais : TOUS leurs romans sont des pépites ! Et pour autant chacun à son style d’écriture, sa manière de dire les choses… Et pourtant tout est toujours profondément juste.

On retrouve nos trois protagonistes dans un genre de chaos sentimental, abyssal et fantastique où chacun se retrouve confronté à ses peurs, ses angoisses mais aussi au deuil. Le deuil d’une vie qu’ils n’auront plus jamais, le deuil de l’innocence et de leurs 15 ans, le deuil d’amis perdus dans des dimensions inaccessibles. Là où le premier tome se concentrait davantage sur les cultistes, la bande dessinée Héros et leurs rôles, le second volume s’attache davantage à ses personnages et j’ai adoré ! D’ailleurs on retrouve un peu plus Matéo et José, alors que Le Réveil était centré sur Richard. Et j’ai complètement redécouvert José. Dans ma précédente chronique je vous racontais que c’était un personnage que j’avais « adoré détester » et dans ce volume…je l’ai trouvé attachant ! Alors oui j’ai toujours un peu de mal avec sa propension au complotisme (j’avoue) mais n’empêche qu’il est peut être beaucoup plus sincère que tous les autres protagonistes. Et à 15 ans, c’est plutôt fortiche.

« Ça riait, ça discutait âprement, ça soupirait, ça se chambrait et ça se draguait sans dire ouvertement les choses. Certains étaient en retrait, d’autres ressentaient le besoin de se mettre en avant. Rien ne changerait jamais de ce côté-là. C’était agréable de retrouver ces sentiments. Ça lui manquait d’avoir 15 ans. »

Pour autant, si le roman s’accorde une petite pause recentrée sur ses personnages principaux…il n’en oublie pas moins de nous surprendre. Notamment avec un tout nouveau protagoniste : Manon. Amnésique, elle se retrouve dans un genre d’orphelinat géré par des bonnes soeurs un peu bizarres. Mise à l’écart des autres orphelins, elle est en proie à des cauchemars sans nom qui la plonge dans une terreur folle. Ses crises, fortement liées à Héros semble intriguer ses geôliers à qui elle livre tous les jours les interprétations qu’elle fait des nouvelles cases. Mais ce qu’elle préfère lire c’est…Héritier. La bande dessinée que José, Richard et Matéo n’ont pas eu le temps de finir.

« Manon avait besoin de lire. C’était une nécessité, à présent. Il n’y avait guère que quand elle laissait son imagination s’évader dans les cases de bandes dessinées qu’elle parvenait à contenir la terreur avec laquelle elle vivait… Or, celle-ci affluait en elle de seconde en seconde. Elle le sentait. »

Complètement badass bien qu’un peu fragile psychologiquement, on a bien du mal à comprendre si ce personnage est là pour le meilleur…ou pour le pire. Et cette ambiguïté autour d’elle était parfaitement bien construite. C’est un personnage féminin qui prend beaucoup plus de place que les autres protagonistes féminines de l’histoire (Tiffany et Shaïna) qui semblent plutôt « effacées » au profit de leur histoires d’amour adolescent. C’est d’ailleurs une partie de l’intrigue que je n’ai pas beaucoup apprécié, le trio Shaïna, Tiffany et Matéo a eu tendance à m’agacer… Mais Benoît Minville ne raconterait pas aussi bien l’adolescence sans nous parler d’amour !

« La réalité dans laquelle ils avaient basculé était effrayante et faite de vérités dérangeantes, mais en un sens, le plus terrible était de devoir vivre dans ce nouveau paradigme sans pouvoir faire autre chose qu’attendre et craindre les manifestations de ce monde. »

J’ai trouvé l’univers plus sombre que dans le premier volume, où le côté plus épique et « comics » des actions avait un petit côté pimpant. Là, les contrées du rêve, la prison de Kraalnazgarath et même le quotidien chamboulé de José et Matéo n’ont rien à envier aux mythologies lovecraftiennes. D’ailleurs j’ai adoré que Benoît Minville s’en inspire mais en fasse quelque chose de tout à fait différent, de plus touchant aussi quelque part. Les actions s’enchaînent mais sans oublier les sentiments, l’émotion et c’est ce que j’ai adoré ❤ Le rapport au dessin est aussi un peu plus présent avec le personnage de Matéo se retrouvant face à une page blanche, l’impression de ne jamais pouvoir faire mieux mais aussi celui de Costa, le dessinateur actuel de Héros qui ne peut plus dessiner et se cherche un successeur (mais je vous laisse comprendre pourquoi). L’aspect « visuel » se retrouve également dans l’écriture de l’auteur qui est saisissante de réalité, comme s’il décrivait quelque chose qu’il voyait, c’est cinématographique et par la même incroyablement réaliste…et flippant aussi.

Par ailleurs, mais ceci n’est qu’une interprétation, j’ai comme l’impression que tout ceci n’est qu’une longue mise en parallèle de la vie d’un adolescent passant à l’âge adulte, et la dernière citation que j’ai relevée m’y fait beaucoup penser. Mais n’hésitez pas à me le dire si je me fais des nœuds au cerveau pour rien 😉

En résumé

Ce dyptique est une merveille et je le classe d’office dans mon top 5 en fantastique. On a le cœur qui se serre, les tripes qui se tordent, l’imagination qui s’emballe, tout fonctionne et c’est absolument magique ! La description des scènes d’action est digne des cases d’un comics américain mais Benoît Minville n’oublie jamais cet héritage peut-être un peu plus français de la dramaturgie et de l’émotion pour nous livrer un second tome haletant, grinçant et touchant.

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