La Cité des Chimères de Vania Prates #PLIB2020

Voilà un roman que je n’aurais sans doute pas découvert sans le #PLIB2020 et vous vous demandez encore pourquoi je participe à cette aventure ? D’ailleurs pour soutenir la remise du prix, l’équipe organisatrice a relancé sa campagne ulule, c’est par ici. Je l’ai lu en ebook, grâce à Snag Fiction qui a accepté d’en envoyer quelques uns au PLIB et donc à nous, petit.e.s juré.e.s 🙂 Encore merci !

Résumé éditeur

L’Ancien Monde a disparu. Londres laisse place à Lowndon Fields. Les hommes se sont organisés en guildes, guidés par leurs chi, leur nature profonde : la guilde des marchands, des inventeurs, des alchimistes, des immergeants, des guides.

L’homme tâche de vivre en harmonie avec la nature qui est laissée libre d’évoluer à sa guise partout où elle le souhaite : arbres, plantes envahissent les immeubles et les rues. Les animaux sont devenus des Gardiens, protecteurs des hommes et particulièrement respectés. Différentes guildes dirigent le nouveau monde. Grâce aux immergeants, il essaye de comprendre et d’éviter de faire les mêmes erreurs que leur ancêtre. Céleste, une jeune fille de 17 ans et qui ne connaît pas son Chi. Elle rencontre Calissa, une ancienne chimériste, dernière de son espèce.

Elle découvre alors la confrérie des Sans Loi.

Mon avis

Le roman s’ouvre sur le point de vue de Céleste, une jeune fille de Lowndon Fields qui n’a pas encore trouvé son chi, sa place dans la société et qui sert davantage de larbin à ses frères et à leur boutique d’objets de l’Ancien Monde. Car il faut bien comprendre que le monde tel que nous le connaissons a disparu. Plus d’électricité, plus d’armes à feu, plus de nucléaire, mais un genre de magie nouvelle qui s’est peu à peu installée dans la société. Une harmonie entre les guides et les gardiens, des animaux. Des personnes capables d’immerger d’une manière étonnante dans les romans comme tous lecteurs rêveraient de le faire. Des chimères, sauvages et violentes. Des inventeurs, des alchimistes… Toute la société s’est réinventée autour d’un seul mot d’ordre « ne pas faire comme avant ». Ne pas détruire, ne pas recommencer. Et Wood, le dirigeant de la ville, n’y est pas pour rien dans ce nouveau credo, freinant des quatre fers devant les avancées des magistrats et leur demande de chemins de fer. Céleste, donc, s’occupe de livrer des colis, de ranger les innombrables piles d’objets anciens qui s’amoncellent dans la boutique et de flâner dans les jardins luxuriants de la ville. Jusqu’au jour où elle croise Calissa, contrebandière de renom, mais aussi dernière de sa guilde, les Chiméristes, capables de combattre les chimères jusqu’à ce que les magistrats votent leur démantèlement après la Grande Débandade, événement tragique où les chiméristes ont été quasiment tous tués.

Le roman s’enchaîne alors beaucoup plus rapidement alors que Céleste découvre sa capacité à immerger et se voie envoyée à Septentria, une sorte d’Académie / Palais, protégée par les gardiens et leurs guides et dont toutes sortes de rumeurs s’échappent : folie, immortalité, sombres secrets. Et comme toutes rumeurs elles comportent un fond de vérité qui pourrait en effrayer plus d’un ! C’est ici que sont envoyées tous ceux pouvant immerger mais également les alchimistes et les inventeurs qui ont conçu un véritable labyrinthe entre ses murs et les fameux « brûle sentiers » que je vous laisse le loisir de découvrir. Elle fait aussi la connaissance de la Confrère des Sans Lois où séjournent cinq garnements : Calissa, bien sûr, Leire, Alexian et Venicia et son gardien fouineur, Dao, un furet blanc. Sans trop vous en révéler, sachez qu’on y parle aussi de complot, de tentatives d’assassinat, de secrets d’état et de cachotteries en tous genres mais aussi et surtout d’amitiés et de sens de l’honneur. Pas de triangles amoureux, imaginez-vous ! Au contraire je dirais même que Vania Prates fait un pied de nez aux amours coups de foudre en laissant le personnage de Céleste, impressionnée par un autre immergeant, le loisir de se remettre de ces vives émotions pour en connaître le vrai visage.

La plume est extrêmement fluide, un brin « young adult », mais on s’y fait très rapidement tant l’univers dépeint est complexe. Joyeux mélange entre société post-apo et fantasy, l’écriture de Vania Prates oscille régulièrement entre moqueries, introspection et onirisme si bien que l’on est de suite transportés dans son univers. Autre point indéniablement positif : les personnages secondaires sont tous extrêmement intéressants notamment Leire, Wood et Daniel qui sont aussi des personnages très solitaires. Si le roman fait figure d’utopie avec beaucoup de bonté et des valeurs comme le courage et le sens de l’honneur, il aborde aussi quelques côtés sombres comme des souvenirs douloureux de la Débandade, le rejet, la solitude, mais aussi la mort et les tentatives d’assassinat. L’autrice pose aussi une question intéressante avec les immergeants : doit-on toujours tout dire ? doit-on savoir garder des informations pour soi quand bien même elles concerneraient l’avenir ? est-ce que le savoir ne peut pas aussi détruire ? Ou l’inverse, est-ce que ne pas savoir, ne pas avertir, est une forme de destruction en soi ? Vous avez quatre heures ^^ Si on continue sur la profondeur psychologique et philosophique du roman on peut aussi aborder le sujet du « chi » qui rassemble à la fois sa vocation profonde mais aussi son sens moral. Le respect que l’on montre au « chi » est véritablement fascinant et ce fut pour moi un point extrêmement important du roman même si l’on aborde assez peu le statut des personnes « sans chis ». Céleste l’est un peu au début mais elle trouve vite sa place, qu’en est-il des autres ?

Si ce roman est très introductif et laisse espérer une suite (que devient Daniel ? qui est réellement Wood ? comment Calissa va t-elle pouvoir renouer avec son chi ? y a t-il d’autres villes au delà de Lowndon Fields ?) il n’en est pas moins extrêmement fort, et possède une intrigue palpitante et une fin qui saura en surprendre plus d’un. Le côté assez descriptif ne m’a pas dérangée mais je pense que certaines personnes pourraient le trouver un peu lent, pour autant tout y est extrêmement bien travaillé. Mon coup de coeur : Le duo Calissa / Céleste est véritablement excellent, alors que les deux jeunes filles ont leur propre caractère et leur propre indépendance. Deux femmes fortes qui en sont pas pour autant « badass » comme dans tous les romans supposément « féministes » ça fait du bien !

En résumé

La Cité des Chimères est un roman réussi, joyeux mélange de genres et qui se rapproche ainsi d’Ambition de Yoann Dubos chez le même éditeur. Une volonté affirmée de bousculer les codes ? Avec à sa tête deux héroïnes indépendantes et des personnages secondaires tout aussi intrigants, Vania Prates propose un scénario de haute voltige où il est autant question de magie que de choix, de savoir que de souvenirs. Un monde nouveau où tous s’efforce de ne pas faire les mêmes erreurs que la veille mais où les dangers de l’humanité rôdent encore, aux frontières de l’imagination et du réalisme.

#ISBN9782490151219

Un commentaire sur “La Cité des Chimères de Vania Prates #PLIB2020

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  1. Je suis tout à fait en phase avec ta chronique, qui rejoins de près mon avis. J’ai juste trouvé l’histoire de Calissa un peu plus faible ; disons que j’y ai moins accroché.
    La plume un peu YA comme tu le dis participe au charme de ce livre, qui s’adresse à un public large.
    Je ne l’aurais en tout cas clairement pas lu sans le PLIB – et ça aurait été dommage.

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