La vallée aux merveilles de Sylvie Deshors

L’année dernière, en plein été, je lisais Mes nuits à la caravane de Sylvie Deshors. C’était une belle histoire, on y parlait reconstruction, danse, d’été indien. Pourtant je n’avais pas réussi à accrocher. Peut-être avais-lu d’autres romans avant ou après qui me l’avaient rendu moins sympathique. Je peux dire que La vallée aux merveilles, lui, m’a beaucoup touchée et je suis très fière de parler de ce roman sur mon blog.

Résumé éditeur

Jeanne a le cœur brisé, mis à mal par son premier petit copain. Pour lui changer les idées, sa mère l’envoie chez sa tante Miette, à Saorge, un petit village perdu dans les hauteurs de la vallée de la Roya, à la frontière italienne. Là-bas, rien n’avait préparé Jeanne à ce qu’elle allait rencontrer : les « migrants » et les « aidants ».
Celles et ceux dont on parle aux infos. Mais pour Jeanne, ils seront femmes et hommes.
Et c’est à leur contact qu’elle se reconstruira.

Le mot de l’autrice

« Témoin du tourbillon migratoire qui secoue notre monde contemporain, la nécessité d’écrire s’est imposée à moi, tout comme celle d’accueillir parmi la société civile. Avant d’évoquer avec des mots, les femmes, les hommes et les enfants qui franchissent les frontières dans le simple espoir d’accéder à un havre de paix où revivre, j’ai voulu rencontrer celles et ceux qui dans l’urgence ont su ouvrir leur maison et agir. A mon tour, j’ai été accueillie dans la vallée de la Roya où m’ont été confiés des récits et des expériences d’une grand humanité qui ont nourri ce roman. » – Sylvie Deshors.

Mon avis

Qu’il semble presque loin le temps où l’on parlait des migrants, de leur arrivée sur nos côtes, de la mer méditerranée « mangeuse d’hommes ». Aujourd’hui, la France s’est repliée sur elle-même, elle frémit, de peur sans doute, de rage, aussi. On parle alors de « gilets jaunes », de « crise climatique ». De femmes qui meurent tous les jours sous les coups de leurs conjoints ou d’hommes qui n’avaient sans doute rien d’autre à faire. Il y a tant de combats à soutenir, de batailles à mener. Le monde est en train de péricliter et personne ne fait rien. C’est ce que beaucoup de personnes croient. Mais ce serait sans compter sans le courage, la rage de vivre, l’humanité, dont font preuve des hommes, des femmes et même des adolescents aux quatre coins du globe.

« Dans le silence imposé par la furie des essuie-glaces, entre les vitres couvertes de buée et les flaques de la chaussée, notre trajet s’est déroulé dans un univers aquatique. »

Envoyée chez sa tante, Miette, après sa rupture amoureuse difficile, Jeanne se souvient d’une femme forte, souriante et de ballades au clair de lune. Rien ne l’a préparée à ce qu’elle va rencontrer dans la Roya. Encore moins à ce que sa tante soit toujours absente et fasse des mystères sur ses entrevues nocturnes. Loin des réseaux, un silence qu’elle s’impose, Jeanne ne ressent que davantage la solitude qui lui colle à la peau. Autocentrée, souffrante de sa première rupture et surtout de la façon dont elle s’est terminée, elle n’a pas vraiment envie de comprendre ce qui se passe autour d’elle. Pourtant, désireuse de se rapprocher de sa tante, et de passer ses quelques jours avec autre chose qu’une chaise vide avec qui discuter, Jeanne fait un premier pas. Au fur et à mesure, elle découvre ce que sa tante fait de ses vacances dans la Roya : Aider. Aider avec un A majuscule, donner son temps, son toit, aider aux papiers, à passer, à dévier les contrôles policiers qui sont routiniers. Aider les migrants. Ceux dont on parle sans arrêt aux informations, du point de vue de la France, de l’Europe, de leurs moyens de transports. Que l’on compte en morts, en noyés, ou en réfugiés. Jamais en tant que personnes. Connaît-on leur visage ? leur nom ? leur histoire ? leur dialecte ? Non.

« Parfois, j’ai l’impression que personne en Europe ne veut d’eux »

A travers ce roman, Sylvie Deshors lance un plaidoyer de l’humanité. Jeanne s’éveille doucement au monde qui l’entoure. Et Miette est une pure merveille. A la fois gardienne et conseillère, celle-ci veille à ce que sa nièce ne prenne pas toute la misère du monde sur ses épaules. Ne culpabilise pas d’être née dans le pays dans lequel elle est née. Juste à s’ouvrir, avec compassion, à ces récits qui ont traversé l’espace, les frontières et les pays. Vous l’aurez compris, on parle ici plutôt d’un roman initiatique, qui, bien qu’un peu didactique, attaque avec beaucoup de justesse le sujet des migrants et notre rapport à eux. Sans pathos. Sans tragique.

Jeanne est un personnage honnête. Pas trop bonne. Pas trop généreuse. C’est une adolescente dans son temps avec sa propre vision du monde. Elle peut parfois sembler égoïste à un regard extérieur…alors qu’elle se montre souvent le reflet de notre propre personnalité. Du moins, c’est ainsi que je l’ai ressenti. Comme tout un chacun elle change au contact d’autres personnes, doucement, sans brusquerie. Au contact d’un Géant, ou de femmes venues d’un autre pays. Au contact d’un homme qui a perdu son ami dans la traversée. Au contact d’autres personnes, généreuses, lumineuses. On y suit le quotidien d’une association, d’une vallée au rythme des arrivées et des départs.

En résumé

La vallée aux merveilles est un roman assez didactique. Pourtant ce serait le résumer à si peu de choses. Ce serait oublier à quel point il peut se montrer juste et beau. Grand et généreux. Ce serait oublier les personnes à qui il rend hommage, aux migrants, aux aidants, et aux adolescents qui grandissent dans un monde en pleine mutation.

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