Un été à l’Islette de Géraldine Jeffroy

Décidément cette sélection des 68 me touche beaucoup moins que celle de l’année dernière… Un été à l’Islette est un premier roman signé Géraldine Jeffroy et qui fait partie de la sélection 68 d’automne 2019.

Résumé éditeur

Château de l’Islette, juillet 1892. Camille Claudel y installe son atelier estival. Comme Rodin tarde à la rejoindre, elle confie son désarroi à Claude Debussy et travaille sans relâche. À mesure que La Valse prend forme, traduisant la tension extrême au sein du couple, la petite châtelaine et sa préceptrice, Eugénie, entrent dans la danse.

Mon avis

Un roman pour lequel je n’ai absolument rien ressenti. Pourtant le sujet me plaisait : trois artistes qui tour à tour passent un bout de temps au château de l’Islette, petite réplique de celui d’Azay-le-Rideau. Un petit séjour dans l’Indre, une nature échevelée, un élan artistique, une page de l’art moderne et de la sculpture… et puis l’histoire, de La Valse, du Balzac et de L’Après midi d’un faune qui reste la pièce de Debussy que je préfère.

Nous commençons l’histoire avec une lettre. Celle qu’Eugénie adresse à son fils, au front de la première guerre mondiale, celle où elle lui raconte comment elle est devenue ce qu’elle est, et comment lui, est venu au monde.

« Longtemps je t’ai raconté une fable. Pour ton honneur et pour le mien. Puisque les hommes s’obstinent à tracer malgré elles le destin des femmes, j’ai très tôt décidé d’emprunter un autre chemin avant d’inventer librement ma vie ».

Fille de chapeliers, elle devient bien vite la déception de ses parents : pas couturière, peu vendeuse, pire, une mauvaise tête à chapeau. Ils l’envoient, l’exilent, auprès de Madame Courcelle afin d’y devenir la prescriptrice de sa fille, Marguerite. C’est là bas qu’elle croisera les trois artistes qui successivement se presseront aux portes de l’Islette, là où Rodin a toujours eu ses entrées pour sculpter selon son bon plaisir. Là aussi qu’elle croisera Camille Claudel, l’amante de Rodin, mais surtout la sculptrice de La Valse, dont on ne peut manquer l’ineffable mélancolie, la douleur que cela est de revoir son amant, d’exister dans son ombre, et de ne pouvoir valser seule, loin, haut.

Un été à l’islette est un roman de fiction qui s’inspire donc de la vie de ces trois artistes et de cette campagne de l’Indre pour dresser un portrait fugace et artistique de la fin du XIXe siècle. C’est lent. Peut-être un peu trop. On se demande où l’autrice veut en venir, pourquoi écrire là dessus si ce n’est pour nous parler de personnages, mous, manquant de profondeurs. On rechigne à continuer. On le pose. Et puis on le reprend parce que ce n’est sans doute pas pour rien qu’il est dans la sélection des 68.

Je dois dire que la seconde moitié, à partir du moment où Rodin fait son entrée à l’Islette puis Debussy fut plus « passionnante ». On devine la discorde sous les discours raffinés, l’aigreur sous les sourires, la fatigue de Camille, et le côté intraitable de Rodin. C’est donner corps à des personnages qui sont presque devenus des mythes, c’est leur donner vie et émotion alors qu’ils ne sont pour nous que de l’histoire. Et c’est peut-être tout ce que je retiendrai du roman.

Pour le reste, pour l’écriture, pour le ton, pour le rythme je me retrouve insatisfaite, blasée d’une langue française « trop bien » utilisée, avec trop de douceur et de plénitude, comme si l’écriture ne pouvait refléter le désordre qui agite nos personnages. Tout cela reste pour moi impersonnel et froid, emprunt de trop de respect. Lire ce roman c’est comme marcher sur la pointe des pieds. Là où j’aurais sans doute voulu un peu plus de craquement, de faiblesse, d’envie, de fougue.

En résumé

Un été à l’Islette est un roman qui conte la dernière page d’un tournant artistique spectaculaire de la fin du XIXe siècle. Debussy, Camille Claudel, Rodin, tous trois passent sous la plume de Géraldine Jeffroy et tout cela me laisse trop indifférente. Dommage car l’ambition est grande mais ne m’a pas touchée.

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