Des astres de Séverine Vidal

Je ne connais pas les romans de Séverine Vidal, pas ses mots, pas ses histoires ou ses sujets de prédilection. Mais je commence à comprendre les choix de Tibo Bérard et mes nombreux coups de coeur sarbac’ en témoignent. Et ce roman ne fait pas exception : touchant, haletant et surprenant.

Résumé éditeur

C’est l’histoire de Pénélope, une fille que sa mère n’a jamais su aimer. Une fille transparente, timide, terrifiée par la vie… au point de ne pas se sentir la force, le jour venu, d’élever son bébé.
Au point de l’abandonner en pensant le sauver.
C’est l’histoire de Romane, une fille qui n’a jamais connu sa mère biologique. Une fille heureuse, épanouie, gourmande de vie… mais à qui il manque toujours quelque chose.
À qui il manque toujours quelqu’un.
C’est l’histoire des mères et de leurs filles, qui raconte combien, parfois, les mères peuvent nous détruire et combien parfois,
elles nous sauvent.

Mon avis

Ce roman c’est l’histoire de trois femmes et même peut-être quatre dont les destins se croisent par la vie, par le hasard. Il y a Irène et sa fille de quelques mois qui débarquent dans un petit patelin sorti de terre récemment. Les enfants vont grandir, les voisins vieillir et Irène comme un soleil magnétique qui raconte, à qui veut l’entendre, la triste histoire de ce mari décédé. Il y a Pénélope et sa mère-pieuvre qui l’étouffe, la brise à coups de réflexions, de mots glissés, de regards acerbes, par son lunatisme. Elle tente de s’échappe mais toujours les tentacules l’encèrent, tant et si bien qu’elle abandonne ce qu’elle aime le plus au monde. Il y a Romane, une jeune adolescente à qui al vie sourit une fois passée son envie de tout détruire. Avec Rudy, photographe amateur, qui la fait se sentir vivant puis lui laisse un goût de cendre et de sang dans la bouche. Et pour finir Nath, aimante, heureuse, entourée de son mari-nounours et de sa fille qu’elle voit grandir, des larmes dans les, un sourire aux lèvres et les bras ouverts et chaleureux. Quatre femmes, quatre portraits, ensemble liés par le sang, le destin ou l’amour.

C’est à travers elles que le roman évolue, bouge, grandit. A travers elles que Séverine Vidal décrypte les relations mères-filles, celles qui blessent autant qu’elles réparent, celles qui tuent autant qu’elles sauvent. Difficile d’en parler sans trop en dire, vous laisser le mystère, vous laisser comprendre les actes, en demie teinte, les surprises, les candeurs, les horreurs.

« Pénélope a toujours aimé cette séquence. Elle ne connaît pas cet homme, ce grand-père qui ne l’a jamais prise dans ses bras, qui ne l’a pas fait sauter sur ses genoux, qui ne l’a pas emmenée pecher, qui ne lui a pas appris à faire des ricochets ni montré comment enlacer le tronc d’un arbre pour l’entendre respirer, qui n’est pas mort en lui tenant la main. Il n’a rien fait de tout ça, non, mais il a fait quelque chose d’autre : il lui a offert ce sourire-là. Et elle s’est servie, souvent, de ce sourire, de ces paroles muettes et de ces bras ouverts, pour se sentir mieux quand, dans sa vie, le sol lui semblait se dérober sous ses pieds. Il a été, sans le savoir, la terre solide que l’on arpente, l’eau du lac où lancer des pierres plates ; il a été la main serrée fort, le chêne à enlacer. »

Il y a des passages qui m’ont particulièrement touchée. Notamment celui, bien sûr, où Pénélope nous raconte sa manière de rester forte, debout, face à sa pieuvre, sa mère lunatique et froide qui la rabaisse et l’humilie. Pas besoin de coups quand les mots s’inscrivent si forts dans le coeur et le ventre. Ce sourire aperçu dans une vidéo. Cette rencontre avec Alphonse, son grand père, qui a toujours souhaité son bonheur même dans l’ombre. Il y a aussi la relation d’Eva et Romane, les meilleures amies, avec cette tendresse qu’elles ont. Les sessions d’urbex aussi, la course au bouquet, les câlins familiaux, et puis cette volonté sans faille de la part de Pénélope de retrouver ce qu’elle a perdu. Pas tout à fait, mais juste assez pour exister pour quelqu’un, pour être une personne sur qui l’on peut compter.

Alors je ne peux guère vous en dire plus. L’écriture y est fluide, peut-être moins forte que ce à quoi je m’attendais, mais justement dosée pour parler des coups, des larmes, du sang, et de la douleur, justement poétique pour parler de ces relations si importantes dans la construction de soi. Le début est lent, on ne comprend pas tout et les pages s’enchaînent à une vitesse folle. En moins de deux heures la fin est juste là, et l’impression soudaine que, l’espace d’un instant, on a été fille, mère et enfant.

En résumé

Des astres est un roman bouleversant et puissant, véritable ode aux relations mères et filles. Dans un formidable jeu de chassé croisé on suit le destin incroyable de quatre femmes dont les vies resteront à jamais chamboulées. Un délicieux hommage à ces femmes qui détruisent autant qu’elles sauvent dans une écriture douce et harmonieuse. Une petite perle ❤

2 commentaires sur “Des astres de Séverine Vidal

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