Le garçon et la ville qui ne souriait plus de David Bry

Nouveau service presse de la part des éditions Lynks qui casse les codes des genres de l’imaginaire pour mieux se les approprier et servir une littérature young adult avec tout ce qu’elle a de pluriel, intense, identitaire. Et comme vous commencez un petit peu à me connaître maintenant, quand j’aime…je ne compte pas au nombre de caractères.

Mon résumé

Romain fuit. Quoi ? Vers où ? Qui ? Il fuit pour se retrouver un peu plus dans les nuits noires, dans les danses de cet homme roux, dans les couleurs des visages de la Cour des Miracles. Il fuit un foyer où il n’a ni place ni amour ni tendresse. Il fuit sa mère qu’il ne sait plus comment gérer, fuit les obligations du fils du chef de la Police, vole les cartes de patrouille et vadrouille dans les rues sombres de Paris avec Ambroise à la recherche d’un abandon auquel ils n’ont plus droit depuis la Police de la Norme.

Jusqu’au jour où tout bascule. Conversation surprise, échange de lettre entachée de sang, un complot menace la Cour des Miracles et Romain est le seul à pouvoir le déjouer. Un combat solitaire contre les Lames Noires, l’Église, sa famille, Paris tout entier qu’il n’est pas sûr de remporter. C’est sans compter sur les hors normes, les miraculés, les éjectés de la société, sans compter sur la Cour toute entière.

Mon avis

« En ce onze septembre mille huit cent huit, la nouvelle loi relative à la stabilité de l’Empire ordonne :
– Que soit créé la Police de la Norme
– Que cette Police de la Norme arrête toute personne coupable de difformité physique ou mentale, de toute maladie de même nature ainsi que de toute conduite ou mœurs contraire à la Nature.
– Que tout citoyen permettant la découverte d’un individu présentant des troubles d’anormalité soit récompensé d’un quart d’once d’or »

Après un prologue haletant c’est ainsi que s’ouvre le roman de David Bry. Une sentence irrévocable et un souffle de mort, de peur, d’angoisse. Vous voilà prévenu.e.s, ici terrain miné. Dans un Paris fantasmé, uchronique réalité, de 1808 à 1858, son personnage s’installe : Romain, 15 ans, tente de faire comprendre à sa mère qu’il n’est pas comme les autres, qu’il n’est pas comme tous ces jeunes gens voués à un grand avenir. Et dans le regard d’Isabelle de Sens, de la colère…et de la peur. Ce regard que beaucoup de jeunes aujourd’hui connaissent. Et partout dans le monde entier des Cours des Miracles s’installent en marge, bruissent aux sons de musiques païennes, s’engouffrent dans les brasiers et les cœurs, il ne sera pas dit que la liberté sera endiguée tant qu’il y aura dans les âmes un petit peu de ce courage qui manque parfois à beaucoup d’entre nous.

Parce que le courage il en faut à Romain pour comprendre et accepter ce qu’il est, pour braver le canal glacé et remonter l’échelle rouillée jusque dans la Cour, pour observer celui qu’il cherche sans cesse dans la foule.

« Grand, à peine plus vieux que lui, il porte une simple salopette qui laisse voir sa poitrine et ses bras musculeux. une épaisse crinière rousse lui mange la moitié du visage et vole au grès de ses pas de danse. Son œil droit brille sous les reflets du brasier et sa figure tout entière irradie d’une joie païenne. »

Mais le jour de ses 15 ans, Romain surprend une conversation qui changera à jamais son destin : les jours de la Cour des Miracles sont comptés. Le jour du cinquantième anniversaire de la Norme il ne restera d’elle plus que des cendres. Bien décidé à empêcher que tout cela n’arrive et ne détruise ce qui le fait sortir chaque nuit de sa cachette, le jeune homme se fait mousquetaire et réclame justice, justice pour les nains, fous, homosexuels, malades et mendiants qui se terrent dans des ruines sous prétexte qu’ils sont différents, qu’ils ne respectent pas la norme. D’un combat solitaire c’est une véritable petite équipe qui se met en branle pour sauver leur ville et leur façon de vivre. D’uchronie Le Garçon et la Ville qui ne souriait plus passe dans les rangs du roman d’aventure aussi haletant que prenant qui ne laisse pas une seule seconde de répit à son lecteur.

De complots en révélations, il m’a semblé volé sur les toits de Paris en compagnie de Romain et ses acolytes à la recherche des Lames Noires, du Chasseur et des fanatiques de l’Empire. Élancés dans un combat perdu d’avance contre des forces qui les dépassent, ils pourraient cependant avoir bien des surprises et découvrir des combats autrement plus féroces, sanglants et violents : l’abandon d’un enfant, la vengeance, la rage, la haine… Autant de fragments de vie qui d’un coup explosent au visage de nos protagonistes.

« Qui sommes-nous, pour décider de ce qui est normal ou pas ? Qui sommes-nous pour décider qui doit vivre dans notre société, et qui ne le doit pas ? Et sous quel prétexte ? Et il y a autre chose encore. Si nous poursuivons dans cette voie, qui nous garantit que demain, la Police de la Norme ne viendra pas chercher les veuves éplorées coupables d’avoir perdu leur mari, les gauchers, ceux à la vision trop basse, les vieux ou les femmes et les hommes aux cheveux roux ? »

Alors peut-être que les auteurs devraient se retrouver à la Cour des Miracles pour nous proposer des romans ainsi faits : qui vous transportent et vous galvanisent, qui vous donnent envie de croire en un avenir meilleur, qui vous redonnent un espoir. Une flamme aussi. Et oui, il y a quelque chose d’assez magique à lire un page turner de cet acabit en sachant que plus d’un.e.s le liront en ayant au coeur l’idée de pouvoir vivre dans un monde plus juste.

Et non, je n’oublierai pas de souligner l’écriture de David Bry dont on m’a souvent vanté les mérites. Rapide et efficace je n’ai pas particulièrement trouvé sa plume poétique ou magique comme d’autres chroniqueurs et chroniqueuses ont pu le dire mais empreinte d’une certaine justesse. Loin des sabres de cérémonie, sa plume frappe avec finesse et pour ce roman…c’était exactement ce qu’il lui fallait.

En résumé

Le Garçon et la Ville qui ne souriait plus est un roman haletant et romanesque qui prend ses sources dans un Paris uchronique et sombre. Sans rien avoir à envier à un Alexandre Dumas, David Bry nous propose 350 pages d’aventure et d’adrénaline ponctué d’un message politique fort de tolérance. A travers le personnage de Romain c’est notre propre identité que nous retrouvons, quelle qu’elle soit.

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