Confessions d’une cleptomane de Florence Noiville

Parmi les nombreux romans de la rentrée littéraire, il y avait celui-ci : Confessions d’une cleptomane de Florence Noiville. Un roman qui m’attirait irrésistiblement et que j’ai finalement obtenu par service de presse Netgalley. Je remercie chaleureusement la maison d’édition d’avoir accepté que je le chronique.

Résumé éditeur

Pour Valentine de Lestrange, voler c’est jouer. Mais c’est surtout une manie incurable, peut-être héréditaire, qui lui procure des frissons autrement plus excitants que la vie bourgeoise ordinaire dans l’ombre de son mari ministre.
Cleptomane, le mot même la ravit… Jusqu’au jour où, presque sans le vouloir, elle subtilise l’objet de trop. Celui qu’elle n’aurait jamais dû voir et qui va changer le cours de sa vie.

Mon avis

Confessions d’une cleptomane est un bon roman. Court, il se lit d’une traite. Pour autant je m’attendais à un peu plus de rebondissements puisque « l’objet de trop » n’arrive que vers 80 ou 90% du roman. Ce roman nous conte l’histoire de Valentine Berg née Verlaine de Lestrange en Indre-et-Loire. D’âge mur la jeune femme est bien sous tous rapports : carrière artistique, un corps bien conservé, une peau toujours aussi élastique… Riche, aristocrate, mariée à un ministre des Finances, sculptrice à ses heures perdues, notre héroïne nous semble loin de l’image que l’on peut se faire d’une voleuse. Peut-être parce que ce n’est est pas vraiment une…

– Tu sais pourquoi Freud n’a jamais écrit sur la cleptomanie ?
J’interrogeais Max du regard.
– Non.
– Ça ne t’intrigue pas ?
– Quoi ?
– Qu’il ait écrit sur toutes les manies, sauf une…?
[…]
– En 1895, Freud et sa femme passèrent quelques jours dans un petit hôtel sur les hauteurs de Florence. Cet été là Freud écrivit à Fliess à Berlin : « Est ce que tu crois qu’il pourrait y avoir un jour une plaque sur ces murs : Ici séjourna Freud, l’auteur de l’Interprétation des rêves ? » Ce n’était pas une plaisanterie. Plutôt la marque de son anxiété. Car sur le registre de l’hotel , Freud avait imprudemment écrit : « Doktor Freud und Martha ». Or cette Frau n’était pas son épouse Martha, mais Minna, la soeur de cette dernière. C’est parce qu’il avait volé la virginité de sa belle(soeur Minna que Freud n’a jamais écrit une ligne sur la cleptomanie.

Cleptomane. Le mot est dit. Les actes parlent d’eux mêmes. Une valise prise dans un aéroport, un foulard volé dans un magasin de luxe, une robe « dérobée », et puis parfois peut-être des Yop vanille dans les stations service, une bouteille d’eau, deux trois babioles pour le geste, pour l’élégance, pour la dextérité. Pour le frisson. Finalement l’objet importe peu (pourvu qu’on ait l’ivresse). Cette « manie », cette « addiction » semble se transmettre de génération en génération dans leur famille. On se vole les uns les autres, on vole des objets, et puis parfois des coeurs, des vies entières.

Nina l’avait chassé, tôt après leur mariage. Gommé de sa vie. Pour mieux faire la cour à Bob, ce lawyer américain qu’elle venait de rencontrer ? Il était très épris d’elle, mais il était marié. Nina avait néanmoins réussi à le soustraire à sa femme. Bob avait divorcé. Les humains aussi passaient leur temps à se voler
les uns aux autres.

L’écriture de Florence Noiville est très agréable, fluide, sans trop de chichis avec quelques fulgurances poétiques qui t’estomaquent. Les pages s’enchaînent sans qu’on ne les vois défiler. Mine de rien on a bien envie de comprendre comment Valentine est passée des bras de son ministre des finances, en plein Paris, à ce bar de New York. Comprendre ce qui se cache derrière ce masque de bourgeoisie. On découvre une héroïne profondément ennuyée : par un train de vie peut-être trop facile, trop accessible, par l’impression de ne rien apporter, tant et si bien qu’elle se complaît dans ce rien, de « n’être personne ». Une femme à l’esprit vif, un peu ailleurs, distraite, mais qui ne manque pas d’une dose d’humour. On lui prête 20, 30 ou 40 ans tant les frissons que lui procurent le vol lui donnent des airs d’adolescente. L’autrice décrivait son roman comme un thriller mais je ne suis pas sûre qu’il puisse se classe dans cette catégorie. Un roman d’aventure contemporaine ? Peut-être que cela conviendrait mieux.

Je ne lui reprocherai finalement que deux choses : son manque de rebondissement et l’impression de tourner un peu en rond. Un lion en cage (une lionne peut-être). Manque de rebondissement parce que même si on a, nous aussi, le petit palpitant affolé lorsqu’elle vole un objet quelconque ou lorsqu’elle raconte ses méfaits, il ne se passe finalement pas beaucoup de choses. Le fameux « objet » déclencheur, même si je pencherai davantage pour le « larcin déclencheur » n’arrive que trop tardivement à mon goût comme je le disais plus haut. L’impression de tourner en rond par l’apport assez conséquent de vocabulaire scientifique, et d’informations sur la cleptomanie que l’on voit apparaître deux ou trois fois mais en très grande quantité. Certaines données se répétant. Cela aurait mérité peut-être un autre traitement que celui-ci.

En résumé

J’ai beaucoup aimé ma lecture, la cleptomanie étant une addiction incroyablement romanesque (avouons-le, il y a tout de même une certaine classe à voir quelqu’un subtiliser un portefeuille dans la poche intérieure d’un cardigan d’homme d’affaires, – parole de scout). Malgré quelques défauts de rythme et de narration selon moi qui auraient mérité quelques ajustements, l’histoire de Valentine est agréable à suivre et j’ai apprécié lire les pensées de ce personnage pas comme les autres.

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