The Wicked + The Divine de Kieron Gillen, Jamie McKelvie et Matt Wilson

Depuis peu, vous avez dû le remarquer, je m’intéresse de près aux mangas, bandes dessinées, comics et autres formes de littérature graphique. Mon aventure avec Saga, chez Urban Comics m’ayant bien plu, j’ai décidé de partir en quête d’une nouvelle saga (ahah) à lire et je suis tombée sur The Wicked + The Divine : des couleurs pop, des dieux rock’n’roll, un scénario endiablé, un pitch original… OK. Je fonce. Je demande tout de même à la maison d’édition pour la forme, ils m’envoient la version numérique, je lis la première planche (c’est-à-dire uniquement l’interview de Kieron Gillen) et je l’achète d’emblée en librairie. 

Mon résumé

Tous les 90 ans, des adolescents deviennent les réincarnations de divinités empruntées à des mythologies anciennes et variées : phocéennes, celtes, chrétiennes, égyptiennes et j’en passe. Ils deviennent alors des dieux vivants, des pop stars, des seigneurs de l’underground, ils sont brillants et tous les admirent. Mais ils n’ont que deux ans. Deux ans sur cette Terre avant de disparaître pour 90 années supplémentaires. Précipitée au milieu de ce panthéon déjantée, Laura, une jeune femme de 17 ans qui n’échappe pas à l’admiration des foules pour ces créatures, tombe sous le charme de Luci dite Lucifer. Luci qui semble être le sujet d’un complot. Mais si tout cela allait au delà d’elle. Et si ce complot visait les 12 ?

Mon avis

Je ne prétendrais pas être incollable sur le sujet, je ne suis d’ailleurs pas une immense fan de pop rock et pourtant… pourtant j’ai adoré ce premier opus funcky, punchy, sexy. Le parallèle qui est créé entre ces êtres mythiques et les « dieux vivants » de la pop actuelle est tout bonnement remarquable et donne, sociologiquement, à réfléchir. Mais on peut aussi très bien admirer le coup de crayon de Jamie McKelvie qui offre tout son charme à ce comics : ainsi Luci prend les allures androgynes de David Bowie , Baal le langage et la carrure de Kanye West, Shakhmet la grâce féline de Rihanna et d’autres que je n’ai pas su identifier… (Pardonnez mon manque de culture dans ce milieu musical, mais n’hésitez pas à me dire si vous avez trouvé d’autres duo !)

The Wicked + The Divine ne s’intéresse pourtant pas seulement à cette question de la divinité actuelle, de la fanatisation des foules ou de l’élévation de certaines personnes au dessus de nous autres simples mortels, mais il est également question du deuil, du délai qui nous est accordé avant notre mort à tous. Dans sa préface le scénariste confie que la mort de son père, des suites de son cancer, lui a donné envie d’écrire sur cette chose là : la mort. C’est quelque chose d’extrêmement complexe à définir ce que l’on ressent face à cela, mais cela l’est d’autant plus lorsque notre temps est compté. Deux ans c’est court, court pour profiter, court pour aimer, court pour s’élever. Le comics s’ouvre d’ailleurs sur une tête de mort, petit clin d’œil aux vanités des tableaux de la peinture classique. Dans cette même préface Kieron Gillen confirme son envie de travailler sur les mythologies et sur la musique pop, sujet qu’il avait déjà écumé dans Phonogram aux côtés de Jamie McKelvie. En réunissant ces deux choses que l’on aurait pu penser éloignées, il créé un petit bijou, étonnant et extravagant.

Avec cette première tomaison nous obtenons une belle vision de ce que pourra être la saga complète et il y aura du lourd, du très très lourd. Scénaristiquement, en quelques cases et planches, Wic/Div commence à poser ses personnages. Chacun a un background, certains se révélant plus que d’autres comme la jeune Amaterasu à travers les propos de Cassandra, une journaliste, Luci lorsqu’elle raconte sa réincarnation ou encore Baal qui est un personnage extrêmement égocentrique mais qui sera pourtant le seul à défendre Lucifer lorsque celle-ci est accusée de meurtres. A contrario d’autres personnages restent des mystères comme cette « Tara, fuck Tara » dont on ne sait rien mais qui est pourtant évoquée à de nombreuses reprises ou Ananké qui semble être un genre de « chef » mais dont on ne comprend pas très bien le rôle, notamment parce que c’est la seule déesse que l’on ne voit pas mourir dans la première partie du comics. De nombreuses énigmes naissent donc du passé même du panthéon, et de ce que le scénariste nous laisse gentiment entrapercevoir…avant de nous claquer la porte au nez !

De ce point de vue il est donc beaucoup plus facile et voire indispensable de s’attacher à l’héroïne, Laura, une jeune fille de 17 ans qui se retrouve là un peu par hasard. Venue assister à un concert d’Amaterasu, elle est la dernière à s’évanouir face au regard incandescent de la déesse…et la première à se relever, lui permettant d’assister à l’interview. C’est à partir de là que tout commencera. Ce soir là, plusieurs personnes se feront tirer dessus par des tirs extérieurs inconnus. Lucifer, verte de rage se rend sur le balcon et décide de « claquer des doigts » (dingue le pouvoir que tout cela peut receler un petit claquement…). Conduite au tribunal puis en prison, elle clame pourtant son innocence. Et Laura la croit. Bien décidée à la sortir de là, la jeune femme s’enfonce un peu plus dans un courant qui pourrait bien l’emporter. Parce que se mêler des affaires des dieux n’est jamais chose facile. Surtout lorsque ceux-ci se retrouvent en plein milieu d’un complot dirigé par on ne sait qui et qu’ils ne semblent guère décidés à réagir.

The best picture forever

Enfin, les graphismes sont vraiment à couper le souffle, tantôt pastels, tantôt électriques, flashy, ils donnent corps à ce scénario fantasque. Les planches sont soignées, lumineuses ou sombres, il y a vraiment un « mouvement » qui se dégage d’elles, loin de l’impression figée que peuvent me donner certaines bandes dessinées. Pourtant le cadre reste assez classique ainsi que la case. D’une certaine façon The Wicked + The Divine m’a un peu fait penser à Saga, et si vous enlever le côté SF / space opera de celui-ci vous obtenez quelque chose de vraiment approchant en terme de démarche : des personnages extravagants et bien pensés, tellement divers qu’il y en a forcément un auquel s’attacher et là où Saga conte plutôt l’histoire d’une famille, Wic/Div s’interroge sur notre place dans le monde, la mort et la vie. Ils ont tous les deux en commun cette soif de liberté, le goût du rire, du cynisme et du désir, et ces quelques répliques bien senties qui nous font tomber sous le charme. Et pourtant il n’est pas non plus ultra optimiste, stéréotypé de justice et de bons sentiments, le sang et la mort ne sont jamais très loin.

En résumé

Je suis tombée sous le charme de The Wicked + the Divine ! Les personnages au caractère bien trempés, singuliers et mystérieux m’ont intriguée et j’ai vraiment hâte de connaître leur évolution dans les prochains tomes, ainsi que celle de Laura puisque la fin nous promet une belle transformation. Le dessin et les couleurs sont exceptionnels et m’en ont mis plein les yeux. J’attends avec impatience l’occasion de me procurer la suite et de vous donner des nouvelles de cette saga prometteuse.

Je vous laisse ici un lien menant vers un très bel article sur Slate qui vous en apprendra encore davantage sur la série avec un oeil beaucoup plus acéré que le mien, avec notamment quelques propos intéressants du scénariste, mais aussi d’autres personnes.

2 commentaires sur “The Wicked + The Divine de Kieron Gillen, Jamie McKelvie et Matt Wilson

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  1. J’avais bien lu quelques avis sur The Wicked + The Divine, mais aucun qui soit aussi détaillé. Je ne sais pas comment tu arrives à en dire autant sans spoiler, mais tu y parviens : tu donnes une bonne idée de ce à quoi le lecteur peut s’attendre, ce que je n’avais pas réalisé en lisant les reviews précédentes. Et je n’aurais pas pensé que le fond du comics était aussi « profond ». Ça donne envie en tout cas!

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    1. Waouh merci pour ce commentaire, il me touche beaucoup sachant que je ne suis pas du tout une « pro » de la bande dessinée et du comics ^^ C’est ce que j’aime dans les comics, les messages cachés, le sens des cases, des phrases et des scénarios qui sous couvert de nous montrer des « super héros » ou dans ce cas ci des « dieux » laissent aussi passer des messages sur le rapport à soir, la fanatisation, la célébrité, la mort… Dis le moi si jamais tu craques ! 😉

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