Dolpang de Mylène Mouton

Dolpang, ou comment se plonger dans des légendes inconnues népalaises et toucher du doigt la nature humaine. Un récit étonnant qui vous rendra curieu.x.ses de ces territoires si lointains dont on entend si peu parler.

Résumé éditeur

Depuis des générations se transmet la légende du migoï, le yéti, aussi sacré que cruel. Au royaume du Dolpang, rares sont ceux qui l’ont croisé et en sont revenus vivants. Alors, quand un migoï enlève la Kumari, la jeune déesse vénérée de tous, nul ne sait comment la retrouver. Personne, sauf Tao, un Danseur-Combattant du Monastère aux Portes d’Or. Seul, il part sur ses traces et lie à jamais son destin avec celui de la bête.

Mon avis

Tao est un Danseur-Combattant du Monastère aux Portes d’Or. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Avant il avait un père qui l’aimait, de l’air pur et des espaces libres. Avant que la migoï ne vienne les atteindre et massacrer son père. Avant que son oncle ne lui prenne ses terres, son yak, et qu’il ne le laisse aux portes en compagnie des moines. Il y a toujours eu, au fond de Tao, un feu qui danse et qui ne demande qu’à sortir, qu’à jaillir, pour se venger de ceux qui l’ont blessé. En attendant Tao danse, il danse comme aucun autre Danseur-Combattant. Peut-être parce qu’il porte le masque de la migoï. Peut-être parce qu’il le fait pour que Kumari le regarde, elle qui préfère l’ignorer, elle à qui l’on demande depuis toute petite à ce qu’elle reste impassible, à ce qu’elle ne touche pas le sol impur, à ce qu’aucun sourire, aucune larme ne traverse son regard. Peut-être simplement parce qu’il est différent, plus sauvage.

Pourtant, lorsque la Kumari disparaît, enlevée par les migoïs, ou plutôt par LA migoï, Chanah, Tao n’hésite pas et part à sa poursuite. De toute façon, d’ici peu, tout le monde pensera qu’il a attiré le malheur sur la Kumari, en dansant avec un visage de migoï. Bientôt rejoint dans sa quête par un enfant-lièvre facétieux et un yak immaculé, il ira jusqu’au bout, quitte à trouver un autre but, une autre vengeance.

Avec doigté et un sens du rythme indéniable, Mylène Mouton nous entraîne avec délicatesse et poésie dans son Népal enneigé où vivent les yétis et des croyances bien contraignantes. D’emblée, on s’attache à Kumari, on frissonne pour Chanah et on compatit pour Tao. Leurs trois points de vue sont parfaitement équilibrés et offrent vraiment un regard très différent sur ce qui se passe. Loin d’être un preux chevalier partant au secours de la princesse effarouchée, Tao cherche surtout à accomplir sa vengeance alors que Kumari retrouve un monde qu’elle croyait perdu à jamais pour elle. Poussée à transgresser ses propres règles, ses tabous et ses croyances, la jeune fille apprend à marcher sur le tranchant des rochers, à se nourrir d’or liquide, et à ouvrir les yeux sur les autres. De son côté, Chanah, bien qu’étant un personnage monstrueux dans le regard des autres, apparaît comme maternelle, meurtrie au plus profond de sa chair et capable de tendresse et de beauté.

Si l’on explore les légendes et croyances népalaises c’est bien d’un récit universel dont il est question ici, de s’ouvrir à la différence, de reconnaître l’autre pour ce qu’il est et non ce qu’il paraît et d’être toujours capable d’humanité au sens profond et philosophique du terme. De plus, elle nous enjoint à voir au delà des rumeurs et des mythes profondément ancrés dans nos civilisations.

En résumé

Dolpang est un roman étonnant, aux frontières de l’imaginaire et de l’histoire, alors que Mylène Mouton nous entraîne dans les montages népalaises, au coeur de leurs légendes et de leurs créatures fantasmagoriques. Du migoï, semblable au Yéti, en passant par la Kumari, cette jeune enfant élevée pour représentée la Déesse auprès des hommes, ne devant ni sourire, ni pleurer, ni marcher, on entre avec curiosité et émerveillement dans ce récit aux multiples facettes. Parce que si l’autrice s’imprègne de ses voyages et du spectre de l’imaginaire c’est bien de sujets tout à fait concrets dont il est question ici comme la frontière entre l’humain et le monstre, l’acceptation de l’autre et de sa différence. Un récit touchant, court, comme un conte, et poétique comme un récit antique, aux personnages touchants et multiples.

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