La Chaleur de Victor Jestin

Nouveau roman lu dans le cadre des 68 premières fois. Un premier roman de Victor Jestin publié chez Flammarion et qui claque dès le résumé avec seulement une phrase : « Oscar est mort parce que je l’ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d’une balançoire ». Mais est-ce que ça tient vraiment toutes ses promesses ?

Résumé éditeur

« Oscar est mort parce que je l’ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d’une balançoire. »

Ainsi commence ce court et intense roman qui nous raconte la dernière journée que passe Léonard, 17 ans, dans un camping des Landes écrasé de soleil. Cet acte irréparable, il ne se l’explique pas lui-même. Rester immobile, est-ce pareil que tuer ? Dans la panique, il enterre le corps sur la plage. Et c’est le lendemain, alors qu’il s’attend chaque instant à être découvert, qu’il rencontre une fille.

Mon avis

J’aurais adoré aimer La Chaleur. J’aurais adoré ressentir cette tension dramatique comme tant d’autres l’ont éprouvée, j’aurais voulu être écrasée de chaleur moi aussi, graissée de crème solaire, râpée de sable sec, et la tête lourd de soleil. J’aurais adoré l’aimer parce qu’il avait tout pour que je l’aime.

Il était court pour commencer. Court comme j’aime de plus en plus que les romans de littérature générale le soient. Court dans ses phrases, heurtées, comme accrochées aux ombres de ses prédécesseurs. Court dans son scénario aussi : « il est mort, je l’ai regardé mourir ». Toute cette âpreté avait quelque chose de plaisant, de chaud, de boiteux un peu, d’épuisé, comme après avoir sauté dans les vagues beaucoup trop longtemps, le corps labouré de kilos d’eau trop froide. Mais j’aimais bien que ce soit bancal, pas tout à fait dans son temps.

Léonard avait quelque chose d’intéressant aussi. J’avais envie de l’appeler Léo, de lui dire que je suis pareille, tout pareille que lui, à ressentir cet été comme un épuisement vorace de mon énergie, à me dégoûter des autres et leur engouement pour des choses qui n’ont aucun sens, à les mépriser un peu au fond de me faire sentir aussi merdique, aussi jalouse. Parce que c’est exactement ça, ce personnage, un gars, un ado de dix sept complètement hors de son temps, à écouter du Wagner comme d’autres écoutent du PNL. Oui. Mais voilà, Léo n’a rien d’un lion, il est lent, mou, tout glisse sur lui, invariablement. Quelqu’un meurt, il panique en silence. Un garçon l’embrasse, il n’en fait rien. Une fille l’intéresse et il la regarde partir. Éloge de la lenteur.

Et puis…. avouons le, ça a quelque chose de vu et revu. Quelque chose de l’ordre des amours d’été, de l’adolescence décryptée mais le sujet est tellement vu et revu et dans des styles souvent meilleurs (Si rien ne bouge d’Hélène Gaudy, Summer de Monica Sabolo, Les Flamboyantes de Robin Wasserman, etc.) que la comparaison est inévitable, la déception aussi. Mais ce serait mesquin de s’arrêter là pour un si jeune auteur (seulement trois ans de plus que moi c’est fou ! je lui tire déjà mon chapeau d’avoir écrit à son âge quelque chose de fini).

Alors je vais parler de ce qui m’a le plus dérangée : la vraisemblance. C’est fou, non, pour une fan d’imaginaire de s’arrêter à la vraisemblance. Mais voilà. Oscar qui s’étrangle avec les cordes de la balançoire, déjà, c’était beaucoup. Puis qu’il le transporte à travers tout un camping, sans laisser aucune trace, sans se faire voir de personnes, sans faire aucun bruit, d’ailleurs juste à le transporter lui que l’on dit maigre, poids plume, là commence à s’accumuler. Et enfin qu’il l’enterre, à main nue, dans du sable… je trouve ça beaucoup. Même avec toute l’adrénaline dans le corps que l’on pourrait imaginer ce ne serait pas suffisant. C’est donc juste un misérable coup de chance.

Et ça m’a dérangée. Tout le long je me suis dit que ça ne collait pas. Les mots perdaient de leur saveur, tout se répéter inlassablement, une fin de semaine qui s’étire en longueur, et ce mot répété à longueur de temps « chaleur, chaleur, chaleur ». J’ai tourné les pages de plus en plus vite, lu en diagonale, et au bout d’une heure à peine le roman était terminé, plié, prêt à être renvoyé au prochain soixante-huitard.

En résumé

La Chaleur de Victor Jestin est malheureusement pour moi une déception. Si le résumé donnait réellement envie et que son écriture ne manque pas de charmes, les nombreuses incohérences, la lenteur et les répétitions abusives ont souffert la comparaison de romans mieux réussis dans le genre du Summer of love couplé au petit thriller. Dommage 😦

2 commentaires sur “La Chaleur de Victor Jestin

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