Bios de Robert Charles Wilson

La SF n’a jamais été trop mon truc. Trop hardue, avec des mots compliqués partout qui t’embrouillent le cerveau, des concepts scientifiques auxquels je ne comprends pas grand chose… bref, l’impression de passer pour une idiote n’étant jamais très agréable je n’en ouvre pas beaucoup. Et pourtant… Bios était une vraie belle lecture qui nous emporte sur une planète inconnue avec son lot d’humanité. Je remercie les éditions ActuSF pour cet envoi !

Résumé éditeur

La lointaine Isis est un monde luxuriant, à l’écosystème complexe. Un monde classé zone de biomenace de niveau 4. La moindre molécule de son biotope suffit à tuer un être humain au terme d’une horrible agonie.
Et pourtant, Isis constitue la découverte la plus prometteuse de ce XXIIe siècle : berceau d’une vie fondamentalement différente, elle pourrait en miroir éclairer notre propre nature.
Zoé Fisher a été conçue pour explorer Isis. Son organisme a été génétiquement optimisé pour s’adapter à l’environnement inhospitalier de cette planète ; sa personnalité patiemment construite autour de cette seule mission.
Quels dangers imprévus Zoé devra-t-elle affronter sur ces terres grandioses et meurtrières ? Lui faudra-t-il sacrifier son humanité, voire son existence même, pour en découvrir tous les secrets ?

Mon avis

Comme vous l’avez compris je ne lis que très peu de SF, je ne pourrais donc pas vous dire si ce roman est original par rapport à d’autres, vous établir des comparaisons farfelues ou vous le conseiller si vous lisez beaucoup de SF. MAIS. Ce que je peux en dire tient d’une « première » expérience, le début d’une excursion dans un genre immensément vaste, les premiers pas d’une lectrice dans un univers différent. Si vous êtes dans le même cas, suivez-moi !

Bios est un roman réédité par les éditions ActuSF mais qui avait déjà connu plusieurs vies, publié originellement en 1999 (et 2001 en France). Il se pare d’une toute nouvelle couverture à tombée par terre qui m’a en quelque sorte fait penser à l’esthétique du film Annihilation sur Netflix. Un goût d’exotisme et de danger, qui reflète parfaitement l’esprit du roman.

« Pourquoi ce petit sabotage et pourquoi maintenant ? Peut-être une vie d’obéissance avait-elle laissé à Anna Chopra une impression d’inutilité, d’obsolescence ».

On se retrouve propulsé au XXIIe siècle dans une société gouvernée par les Trusts, des genres de groupes industriels voulant absolument tout contrôler au point que l’ensemble des Terriens possèdent un système leur permettant de réguler leurs émotions. A cette régulation systématique s’oppose le côté beaucoup plus libertaire des Kuisers qui sont alors vu comme des animaux (et une sous-espèce bien entendu) répondant à des pulsions charnelles. Au milieu de tout ce joyeux monde : Zoé Fisher, dont le contrôleur d’émotion a été déréglé à son insu, bardée d’équipements de technologie de pointe pour survivre à l’environnement hostile d’Isis. Élevée dans la seule idée qu’elle poserait un jour un pied sur Isis, elle a été « sauvée » d’un orphelinat de Téhéran par un membre haut placé des Trusts.

« Fais quelque chose, Zoé, pensa Anna. Quelque chose d’insensé, de tapageur, de grand. Pleure, tombe amoureuse, écris des poèmes. Ouvre grands les yeux sur ton nouveau monde ».

Fragile, naïve, avec pourtant le corps à même de combattre Isis, on découvre un personnage touchant et attachant, désireuse de connaître cette planète non pas pour ses possibles richesses mais pour sa beauté. Une beauté mortelle. Le premier jour de Zoé sur Isis se traduit par le meurtre d’un des scientifique de la base par la planète au nom de déesse. Ici les hommes ne sont pas les bienvenus et elle compte bien le leur faire comprendre par n’importe quel moyen. Leur vie ici bas n’est qu’un sursis.

Sous le prétexte d’un space opera Robert Charles Wilson s’intéresse à la société humaine et ses rapports, aux émotions et à l’Humanité plus qu’à cette biosphère hostile. Pour moi l’équilibre entre les deux est parfaitement trouvé et on suit les aventures de Zoé à l’extérieur de la base avec autant de plaisir que l’on prend à comprendre la société qui nous est dépeinte. On pourrait reprocher à l’auteur des personnages un peu trop lisses si on ne pouvait pas en comprendre les raisons : difficile de ne pas être lisse quand on a un thymostat qui contrôle le niveau d’émotion… C’est sans doute pour cela d’ailleurs que les kuiser et Zoé sont des personnages beaucoup plus intéressants tant au niveau de leurs réflexions que de leurs agissements. Ils paraissent un peu plus proches des terriens du XXIe siècle (nous ^^).

L’écriture est fluide et non exempte d’une certaine forme de poésie dans certaines situations. La tension dramatique est palpable, et l’on progresse dans le roman comme dans un voyage : l’impression d’être au bout arrive trop vite.

« Mais Isis l’aimait et ne la laisserait pas partir. Zoé – l’essence de Zoé – pouvait durer indéfiniment dans la matrice dense de la biosphère isienne. C’est ainsi qu’Isis lui parlait, par des entités virales qui se glissaient dans son système nerveux et transformaient des neuronnes terrestres en cellules isiennes flambant neuves. Qui la tuaient, mais se souvenaient d’elle. L’imaginaient. La rêvaient. Malgré tout, elle attendait Tam »

En résumé

Bios est un roman de science-fiction bien amené qui traite autant de l’humain que du non humain, voire de l’invisible. A travers des points de vue multiples on comprend toutes les facettes de cette société du XXIIe siècle sans trop s’y perdre, un peu comme une fenêtre que l’on aurait laissé entrouverte. Une très belle lecture, qui, empruntant aussi bien à la hard SF, au thriller et au tragique nous embarque dans un space opera dépaysant et puissant.

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