La fille sur le toit de Anne Loyer

La fille sur le toit est le premier roman d’Anne Loyer que je lis mais bien sûr pas le premier de la collection #ECHOS aux éditions Gulf Stream dont je deviens, chaque titre passant, de plus en plus amoureuse. Merci pour ce service de presse ❤ 

Résumé éditeur

L’attirance est partagée, la relation charnelle et passionnée. Mais lorsque Axelle, 16 ans, comprend que son professeur de français considère cette aventure comme un dérapage et la chasse de sa vie, elle s’effondre. Le rejet incompréhensible d’une mère face au désespoir de sa fille va finir d’entraîner Axelle dans une spirale infernale. Silence, douleurs, lumière pâle, chambre vide, des mains douces qui prennent soin d’elle, une voix rassurante, puis c’est la sortie de l’hôpital. Seule face à cette nouvelle réalité en ruine, Axelle ne sait plus vers qui se tourner. Miette, son amie d’enfance, à qui elle a caché sa liaison ? Éric, son père, artiste aux ambitions déçues et qu’Axelle connaît si peu ? Rachel, sa tante, confidente de toujours ? Qui ?

Mon avis

Ce que j’adore dans cette collection c’est qu’elle aborde de nombreux sujets, qu’ils soient tabous, durs, douloureux avec toute la délicatesse et la tendresse de ces auteurs et autrices incroyables. Dans ce roman très court et à vif, Anne Loyer nous raconte l’histoire d’Axelle, 16 ans, dont la vie a été chamboulée par une rencontre, un coup de foudre et après, une rupture, un rejet et deux petits mots échappés de la bouche de sa mère « petite pute ». Deux mots qui la heurtent, la blessent et la poussent à sortir dans la nuit noire, dans le froid glacial. A partir de cette échappée nocturne commence une longue introspection, de larmes en fuite, de réconciliations en disputes, Axelle avance, petit à petit.

« Je hurle, à bout de nerf, à bout de courage, à bout d’amour.
— Elle a raison monsieur intervient Miette d’un ton vibrant. Elle n’y est pour rien. L’amour ça ne se commande pas. C’est puissant, ça vous agrippe, ça vous arrache, ça vous atomise. Après, faut rassembler les morceaux, c’est pas facile.
— Voilà crié-je, je suis en morceaux. »

A travers ce roman chorale, on comprend bien vite qu’Axelle n’est pas seule à subir cette histoire taboue, cet amour artificiel. Mêlés à ce drame, d’autres personnages s’invitent dans les pages. Juliette, sa mère, qui, blessée dans ses convictions, étourdie par les images du passé, lâche ces deux mots « petite pute », des mots qu’elle n’est plus sûre d’avoir prononcés mais qui lui font perdre la seule lumière de son existence : sa fille.  Miette ensuite, sa meilleure amie qui la voit s’éloigner, se perdre dans une relation sans espoir, une passion aveugle et éprouve une colère sourde pour celle qui ne l’écoute plus. Rachel, sa tante, vagabonde et libre, qui voit en sa nièce la fille qu’elle n’a jamais eue, et peut-être un peu d’elle-même. Eric, son père, troubadour, artiste ou philosophe, au sourire de gamin qui n’arrive pas à renouer les liens que seize ans d’absence ont brisé. Et pour finir Jean, son professeur de français qui commet l’irréparable et la démolie, marié, bientôt père de famille, incapable de résister à ses pulsions. Qui est coupable ? Qui a eu tort ? Y a t-il seulement quelqu’un à châtier ?

Les mots s’égrènent, les sanglots s’éclipsent, un toit et un espoir. Le sujet est tabou, et pourtant à aucun moment l’autrice ne se fait juge. Elle y décrit l’amour, la passion, la rage, la colère, l’amitié, le désir, esquisse quelques pensées contemporaines et véridiques. Non la femme n’est pas l’infâme tentatrice, il n’y a que des pulsions, des instincts, des envies qui se réveillent, prétendre le contraire est un mensonge, prétendre que c’est l’autre, pas soi. Elle dessine le portrait d’un adolescente à la dérive, ses ancres et ses poids. Des phrases hachées comme celles que l’on assène ou celles que l’on hoquette entre deux sanglots, des phrases coups de poing.

Je me suis reconnue dans ce personnage à la passion dévorante, dans son admiration, son désir de femme dans son corps de femme. Peut-être aurais-je suivi son chemin, marché dans ses pas, dans cet autre contexte qui était le mien. A partir de ce moment là, lorsque celle dont on suit les pensées se fait miroir d’une époque, comment ne pas être touchée ? Emportée ? Comment ne pas ressentir toute cette empathie et cette tendresse pour cet autre soi qui se débat seule ? Même s’il y a Miette, même s’il y a Rachel, le reste du chemin s’accomplit en solitaire.

« Je ne disais rien. J’écoutais. Tétanisée. Attendant la suite, la fin de l’histoire, la raison de ses sanglots. Elle avançait, en équilibre sur mon silence » — Miette

Et forcément, comme toujours, cette écriture que j’adore, en dents de scie, ces phrases courtes qui percutent et enflent dans le ventre, ces mots arrachés et déchirants, c’est du fond du cœur que je les ressens.

En résumé

La fille sur le toit est un coup de cœur, phénoménal et bouleversant. Je me suis retrouvée dans son personnage, Axelle, dans cette passion vive et incontrôlée, dans ses sanglots et ses angoisses. Percutante, l’écriture d’Anne Loyer est remarquable de justesse et donne toute sa profondeur à cet amour tabou. Sans éviter de parler des conséquences, l’autrice se concentre sur les émotions de son héroïne adolescente, sa colère, sa tristesse, ce qui en fait un roman d’une grande sensibilité.

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