#PLIB2019 Le cycle de Syffe t1 : l’enfant de poussière de Patrick K. Dewdney

L’enfant de poussière est un premier tome d’une saga de fantasy française qui devrait apparemment en compter sept. Une ambition qui ne semble pas gêner outre mesure ce jeune auteur dont la plume a, semblerait-il, marqué beaucoup d’esprits. J’ai toujours un peu de mal à aller vers les éditions Au Diable Vauvert mais je me suis laissée tenter par le roman numérique lorsqu’il est passé dans la sélection du PLIB2019. 

Résumé des éditions Au Diable Vauvert

La mort du roi et l’éclatement politique qui s’ensuit plongent les primeautés de Brune dans le chaos. Orphelin des rues qui ignore tout de ses origines, Syffe grandit à Corne-Brune, une ville isolée sur la frontière sauvage. Là, il survit librement de rapines et de corvées, jusqu’au jour où il est contraint d’entrer au service du seigneur local. Tour à tour serviteur, espion, apprenti d’un maître-chirurgien, son existence bascule lorsqu’il se voit accusé d’un meurtre. En fuite, il épouse le destin rude d’un enfant-soldat.

Mon avis

A bien des égards L’enfant de poussière s’inscrit en droite lignée de Tolkien, Martin ou Hobb. A bien des égards, c’est une oeuvre de fantasy remarquable, détaillée, poétique, où les héros n’en sont pas, où les nuits sont rudes et froides mais où la lumière est toujours un peu présente. C’est un livre que j’ai aimé, et puis que j’ai détesté, et puis un roman dans lequel je me suis ennuyée, attendant, patiente, que le gros chat se lève d’un bond et attaque. Peu à peu il s’est transformé en un roman-chevet que je reprenais quand l’envie me prenait, et pourtant, n’y avait-il pas là une sorte d’empressement à vouloir le finir et continuer inlassablement à lire entre minuit et deux heures du matin ? N’y avait-il pas là cet empressement que je ne ressens plus et cette lenteur en paradoxe ? Ce sentiment de frustration ça faisait longtemps que je ne l’avais pas ressentie, et si parfois j’ai trouvé L’enfant de poussière un peu bavard, je ne l’en ai pas moins trouvé remarquable, profond, touchant et rêveur.

« La clairière obscure avait été envahie par un vol de lucioles. Elles virevoltaient en silence, des milliers de lueurs minuscules qui tournoyaient autour du chêne central, comme une procession de bougies féeriques. Parfois, il y avait un bruissement furtif, un chasseur ailé piquait dans la clairière, une luciole s’éteignait brusquement, et autour, cela faisait comme une vague lumineuse, comme les rides sur l’eau lorsqu’il pleut. Fasciné par le spectacle phosphorescent, j’en oubliai quelque temps les bleus et l’épuisement. « J’ai toujours aimé les bois de Vaux pour ça », fit Uldrick doucement. « A chaque fois, c’est quand tu commences à ne plus la supporter que cette forêt se rachète pour la lune qui vient. Comme si elle avait besoin qu’on l’aime. » J’acquiesçai, la bouche entrouverte, envoûté par la danse lumineuse. « On dirait des fées », fis-je. « On dirait que c’est la nuit qui… qui ondule. » Uldrick me lança un regard étrange par-dessus le feu. « C’est vrai », fit-il. « On dirait que la nuit ondule. »

L’enfant de poussière nous conte l’histoire de Syffe, un orphelin à qui on a pas l’effet l’effort d’attribuer un nom. Syffe, comme syffelin le nom raccourci du peuple dont il proviendrait. Le moins que l’on puisse dire c’est que le personnage de l’orphelin est éclusé dans les romans de fantasy : Fitz dans le cycle de Robin Hobb, Azoth dans La Voix des Ombres de Brent Weeks, mais aussi Harry Potter, Alex Rider, jusqu’aux personnages de contes comme Cendrillon. Un manque d’originalité ? Ou juste un petit clin d’œil à toutes ses œuvres qui ont bercé notre enfance ?

L’inconvénient, de prendre un enfant aussi jeune, huit ans je crois au début du récit, c’est que la verbalisation de certaines choses est parfois beaucoup trop adulte pour un enfant…et malgré cela on observe une véritable évolution de ce personnage que je n’aimais guère. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’univers très sombre que nous dépeint Dewdney tient en grande partie de ce qui arrive à l’enfant : obliger de travailler pour un garde pour ne pas perdre sa main, puis d’endurer les coups et les brimades des maîtres chez qui il doit nettoyer les écuries, les coups montés contre lui… Syffe n’est pas au bout de ses surprises ! Ce que j’ai particulièrement apprécié c’est que, malgré le caractère parfois horrible de certaines situations, l’auteur ne les a pas exacerbés pour préférer une vraisemblance beaucoup plus juste.

Malgré tout, certaines scènes sont vraiment sanglantes et nous laissent parfois un peu pantelants, d’un seul coup couvert de sang ou de merde (disons-le clairement cette thématique revient régulièrement dans les écuries, la guerre, et tout le tintouin) alors que nous passions un super moment à observer des lucioles… La langue sert à merveille le scénario et nous présente une intrigue haute en couleurs et riche en rebondissements.

« Comme tous les petits enfants, je rêvais stupidement d’aventures et de gloire et je m’imaginais que ce que le Var grisonnant me proposait c’était l’incarnation tangible de ces mêmes rêves stupides. je me voyais déjà grand et altier, vêtu d’une armure sur un destrier scintillant. La réalité était tout autre, bien sûr, et durant les heures qui suivirent, Uldrick tenta de me faire comprendre ce qu’était la guerre, la terreur, la boucherie et les hurlements. Si ces récits morbides tempérèrent quelque peu mon enthousiasme initial, je m’accrochai malgré tout à mon idée. »

A travers cette fantasy presque réaliste (les éléments de fantasy propre, en dehors des cartes qui caractérisent particulièrement ce genre- n’arrivent que par touche), où la vraisemblance frôle l’historique, Dewdney passe également quelques messages forts sur tout un tas de sujets très différents : la religion, la famille, l’amour, la guerre, la liberté, la science, l’intolérance, l’esclavagisme. BREF. A travers un roman qui se veut d’apprentissage (mais qui ne l’est pas vraiment, le héros n’ayant quasi à aucun moment son destin en main) et un personnage qui en bave réellement, l’auteur place sur sa route un nombre incalculable de personnages qui vont tour à tour le détruire pour mieux le reconstruire. Mon préféré reste celui d’Uldrick, véritable nounours ambulant qui lui mettra des tartes jusqu’à ce qu’il laisse éclater sa rage…

J’avoue ce n’est pas particulièrement pour les mandales qu’il met à ce pauvre garçon que je l’ai apprécié mais surtout pour sa conception toute relative de ce qu’est la liberté et la sagesse. Il est bourrin, mais aussi débordant de tendresse et il fait aussi de mentor pour notre jeune héros. Entre la guerre, les bagarres, et les complots tout cela ne laisse que très peu de place à la poésie ? FAUX. L’auteur a plus d’un tour dans son sac et se permet quelques phrases simples mais terriblement efficaces en beauté et en portée.

Malgré tout cet enthousiasme dont je fais preuve à l’égard de ce roman je me dois tout de même de souligner quelques petites choses qui m’ont chiffonnée. Premièrement, et je l’ai dit plus haut, ce roman est un peu bavard. Il aurait mérité d’être soulagé de quelques passages longs et laborieux et de longues descriptions pour lui préférer parfois une concision rafraîchissante. Mine de rien on a l’impression de souffler uniquement quand il se passe des trucs terribles (type des gens meurent), c’est horrible non ? Ah tiens il va en prison, chouette ! Deuxièmement je suis assez déçue qu’il reste encore quelques fautes voire même parfois des mots manquants… Cela ne gêne pas en soi la lecture mais tu t’arrêtes tout de même cinq secondes avant de comprendre qu’en fait si tu n’as pas compris la phrase c’est parce qu’il manque un petit quelque chose.

En résumé

L’enfant de poussière est un premier roman d’une saga fantasy qui s’annonce légendaire ! Malgré quelques longueurs qui m’ont parfois démotivée, la poésie et la plume de l’auteur m’ont à chaque fois convaincue de continuer l’aventure (bon et surtout Elle… tutut nooon je ne dirais rien, à vous de le lire). Le personnage de Syffe tantôt attachant tantôt antipathique m’a également beaucoup plu par son ambivalence et sa versatilité tandis que celui d’Uldrick m’a particulièrement touchée. En bref, un roman à lire pour tous les amateurs de fantasy médiévale.

PS : L’enfant de poussière n’a malheureusement pas été sélectionné pour la suite des aventures du PLIB2019 (#ISBN9791030701210)

3 commentaires sur “#PLIB2019 Le cycle de Syffe t1 : l’enfant de poussière de Patrick K. Dewdney

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  1. Je viens de le terminer, et je suis d’accord, je n’ai pas trouvé l’étincelle d’originalité et je me dis que, après quelques découvertes fabuleuses, cette fantasy « classique » ne me r

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