Les Nocturnes est un roman que je n’ai pas arrêté de voir passer sur les réseaux sociaux et j’avais tellement hâte de le lire ! Partenaire avec Lynks, je l’ai reçu en service de presse accompagné d’un hibou et d’un dossier rouge « à ne pas ouvrir avant la fin du roman ». J’ai tenu parole !
Mon résumé
Natt Käfig est un Rouge du Bloc 3A. Il est le dernier à avoir vu Laura, une Verte, filant dans la nuit glaciale un paquet de feuilles sous le bras. Depuis sa disparition, l’Institut de la Croix d’If lui paraît encore plus étrange et oppressant. Que fait-il ici ? Pourquoi lui a t-on effacé la mémoire ? A quoi ressemble le monde extérieur ? Il ne le sait peut-être pas encore mais ces questions, il n’est pas le seul à ses les poser. En secret, des Verts et des Roues tiennent des réunions secrètes la nuit tombée. Ces Nocturnes, dirigée par la Chouette, semblent proche de découvrir ce que cache l’Institut. Mais parfois, l’ignorance est bien plus douce que la vérité, et cette quête de la connaissance se transforme bien vite en mission de survie.
Mon avis
Il va être bien compliqué de chroniquer ce roman sans vous en dire trop, conserver la surprise jusqu’au bout. D’abord un fait : je l’ai dévoré. Alors oui, sans lumière, ni électricité, ni internet, cette phrase pourrait perdre un peu de son sens (qu’avais-je donc de mieux à faire que d’avaler roman sur roman?) mais étant donné que je me suis couchée à 3h du matin pour me réveiller à 7h…cela vous montre à quel point il m’a scotchée à mon lit, les yeux rivés sur les lignes, engloutissant informations après informations, le cœur affolé et l’esprit en ébullition.
J’ai deviné tout de suite, sans trop savoir comment, ce qu’étaient les Verts et les Rouges, pourtant, en le relisant, il n’y a pas d’indice pouvant indiquer quoique ce fut. J’espère que la surprise marchera pour vous. Moi j’étais davantage dans le suspense, j’attendais que l’autrice confirme mes soupçons, me donne les clés afin de comprendre. Et elle s’est faite joueuse, reculant la vérité jusqu’au dernier moment. Avec ses rebondissements, secrets et complots, elle m’a tenu en haleine tout au long et à chaque fois que je me disais « là c’est bon tu peux reposer le livre… » elle revenait à la charge, infatigable ! Et en attendant ma bougie se consumait dans le clair obscur de ma chambre.
Dans ce roman aux allures de survivaliste, il est surtout question de mémoire, de souvenirs. Qu’est ce qui nous définit une fois notre mémoire effacée ? Comment se construire une identité quand tout ce qui fait de nous ce que nous sommes a disparu des radars ?
« Ma mémoire est un océan gigantesque. Je suis un poisson dans un aquarium, flottant sur les vagues et, quand j’essaie de fouiller dans mes souvenirs, je me heurte au verre. Il y a une cage dans ma cervelle ».
On a tous des souvenirs qui s’éloignent, je me souviens à peine de mon enfance, mais il y a tout de même quelques images, et les souvenirs que je me suis fabriqués des choses que l’on m’a racontées.
Natt, comme les 249 autres amnésiques sont enfermés dans l’institut de la Croix d’If oùd despsychiatres les suivent constamment, organisent leurs cours, et les couloirs sont truffés de caméras suivant le moindre de leurs faits et gestes. Pourquoi toutes ses intrusions dans leur intimite ? Pourquoi ne se souviennent-ils de rien ? Et surtout, pourquoi sont ils prisonniers ici ? Les Nocturnes comptent bien le découvrir. Et surtout comprendre la disparition de Laura. Pourtant, ce petit groupe d’insurgés n’est pas au bout de ses surprises : cachotteries, traîtrises, divisions internes, l’arrivée de Natt parmi eux est une petite bombe à retardement dont personne n’avait prévu les effets. Une fois la bombe lâchée, l’institut se divise, la paranoïa s’installe, pendant que les Rouges s’arment de fourches et de faux pour « se défendre », les Verts bloquent les points de ravitaillement. Une véritable guérilla s’installe dont personne, pas même l’Institut, ne sortira vainqueur.
Au delà des notions de mémoire et d’identité, d’autres se superposent, plus diffuses : l’éthique, la morale, la vérité, la vengeance… Avec une plume remarquablement addictive, Tess Corsac nous fait plonger dans un roman noir et glaçant. Je me suis très rapidement attachée au personnage principal, mais également à la Chouette, dirigeant les Nocturnes depuis sa chambre, enroulée d’un plaid rouge, ou encore Aaron et Sacha, Léo aussi d’une certaine manière, Sabine, Flora, et tant d’autres, ce qui est rare pour moi dans un roman avec autant de personnages.
J’ai aimé la façon dont l’autrice les a abordés, modelés pour nous permettre de les suivre de bout en bout. Leur évolution est grandiose, spectaculaire ou terrifiante. Rien ne les prédétermine. Et lorsque vient la fin de cet enfer neigeux, on reste là, bouche bée, abasourdi, terrifié et soulagé à la fois. En bref, sur le cul comme dirait l’autre. Une ambiance folle dont on ressort avec une réflexion forte, une pensée à laquelle il n’y aucune réponse.
En résumé
Les Nocturnes est un roman haletant au rythme insoutenable qui nous entraîne dans les méandres de la conscience humaine. D’une quête de la vérité en question de survie, paranoïa, dangers et morts rôdent dans les parages. Et au bout, peut-être, la rédemption qu’ils étaient venus chercher. Entre l’oubli et la souffrance, y a t-il seulement une bonne réponse ? Avec une plume aussi addictive, cette autrice ira loin et Lynks publie une petite perle…noire.
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