Il y a et il y aura toujours une partie de moi absolument fascinée et terrifiée par la seconde guerre mondiale. Cela vient sans aucun doute des dizaines de fois où cette guerre fut évoquée au cours de ma scolarité (primaire, collège, lycée) et aux dizaines de documentaires, livres, et films que j’ai lus et vus sur ce sujet au cours de ma courte existence. Cette guerre qui ravagea l’Europe et eut des répercussions mondiales sans précédent, décima des familles entières et c’est leur récit, en particulier, qui m’effraie et me tire des larmes systématiquement. D’une part parce que c’était il y a si peu de temps, d’autre part parce que ma vie aussi bien que l’histoire m’a appris à quel point l’être humain est versatile et je vis dans cette hantise constante du chaos, de l’apocalypse humaine et de la mort brutale, violente, systémique qu’offre la guerre. Aussi Le Libraire de Cologne et Au coeur de l’orage, furent pour moi autant des récits d’horreur que de fascination pour les douleurs de ces familles et le courage autant que l’abnégation donc chacun.e fait preuve tout au long de leur histoire.
Mes résumés
Le libraire de Cologne et Au coeur de l’orage présente tous deux l’histoire de la famille Mendel.
Le premier s’attache en particulier au destin d’un ami proche de la famille, Hans Schreiber à qui Alexandre Mendel confie sa librairie reconnue à Cologne, en Allemagne et à l’internationale pour sa qualité et son engagement. Alors que les Mendel, juifs allemands, se résignent à l’exil face à la montée des lois anti-juives et l’arrivée au pouvoir d’Hitler, Hans, lui, reste à Cologne où il fera tout pour maintenir à flot cette librairie et son esprit, risquant sa vie et ses convictions. A travers ses yeux nous verrons le visage de l’Allemagne se métamorphoser peu à peu et prendre les couleurs du nazisme avec horreur et fatalité. Nous suivrons ses nombreux échanges de lettre avec Lise Mendel, la fille alors que Hans se languit de ses yeux et de sa silhouette, seule lumière dans l’obscurité grandissante de son pays.
Le second, comme une autre face de la médaille, suit le destin de Lise, d’abord en France, là où sa famille s’est réfugiée près de Paris puis son long périple jusqu’au Maroc, avec sa mère Clara, sa grand-mère Oma, et son père Alexandre. De camps en prisons, de longues nuits au clair de lune, aux sols paillés des fermes du voisinage, les Mendel n’auront de cesse de fuir une guerre qui les aura usés pour enfin trouver un peu de paix.
A la fin des deux romans, nous apprendrons qu’ils sont inspirés d’histoires vraies aussi bien familiales que documentées et cela ajoutera encore plus de tragique mais aussi de beauté à ce texte déjà bien fort.
Mon avis
Je ne crois pas, à dire vrai, que l’on ne puisse pas se sentir impacté.e par une lecture traitant de ce sujet là. L’histoire qu’on nous a apprise, les morts que j’ai vus dans les documentaires filmés, les fins tragiques que les romans m’ont inculquées, forment une fresque collective, humaniste et profondément tragique de laquelle il est difficile de se départir, et dans laquelle ces deux romans puisent leur source et leurs drames. Néanmoins le premier volume, pourtant beaucoup plus proche de son héro, Hans, ne m’avait pas tout à fait convaincue, du moins me le figurais je puisqu’il m’arracha tout de même une larme à la fin, alors qu’un murmure de joie résonne dans la librairie de Cologne.
Ce qu’il y a de passionnant à avoir lu ces deux romans c’est qu’évidemment ils se complètent à la perfection l’un remplissant les vides de l’autre laissés à escient peut-être par une autrice bien avisée. Ainsi la volonté quasi surréaliste de Hans à sauver une librairie et les livres qui la composent trouve un écho dans celle inébranlable de Lise d’aller de l’avant. Tout comme leur peine alors que sous leurs yeux des amis sont emportés, exécutés, parqués, dénoncés. Des deux côtés de la frontière, chacun ferme les yeux sur ces douleurs atroces qui les mutilent et les amputent de leurs amis.
Pour autant, et je rends grâce à l’autrice, je n’ai pas réussi à véritablement m’attacher aux personnages. Est-ce dû à l’avancée chronologique ? A ma propre volonté de ne pas pleurer toutes les cinq minutes ? Je ne sais pas mais ils me sont restés étrangers, comme deux inconnus me contant leur histoire avec plus ou moins de recul et me permettant aussi de l’accepter. Parce qu’il m’aurait sans doute été impossible de lire deux lignes sans m’effondrer. Quand la librairie se fait éventrer. Quand Ludwig disparaît. Quand le marchand de glace apparaît. Quand les discussions poétiques cessent. Au moment où Alexandre est de nouveau emmené. Quand Lisa doit accepter le départ de son amour. Tant de moments intenses et riches qui sauront j’en suis sûre vous toucher.
A travers leur regard bien sûr et la plume de Catherine Ganz-Muller c’est une mémoire qui perdure. Celle de la famille de l’autrice qui a inspiré nombre des personnages et événements qui le composent, mais également celle de cette grande guerre qui en a déchiré plus d’un.e et qui continue de perdurer, parfois, dans les cauchemars de nos grands-parents. Indéniablement ce sont deux romans à faire lire et découvrir aux plus petits pour que ces souvenirs jamais ne s’éteignent et pour que chacun et chacune nous soyons les garant.e.s de nos libertés fondamentales : celles d’être qui l’on veut, où l’on veut, comme on veut. Et je crois que ces libertés sont aujourd’hui plus menacées que jamais.
En résumé
Le libraire de Cologne et Au coeur de l’orage forment un diptyque saisissant de réalisme sur la seconde guerre mondiale depuis la ville de Cologne en Allemagne jusqu’au Maroc en passant par Paris et l’Espagne. Aux côtés de Hans et Lise, nous apprenons à chérir nos convictions, nos valeurs et les relations qui nous unissent les uns aux autres, mais nous ravivons également notre devoir de mémoire, pour que jamais les souvenirs de cette grande guerre ne s’éteigne.
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